France - Ensemble nous pouvons améliorer les pratiques de dépistage du cancer du poumon en France

France - Ensemble nous pouvons améliorer les pratiques de dépistage du cancer du poumon en France

France - Ensemble nous pouvons améliorer les pratiques de dépistage du cancer du poumon en France

Par FLORENCE MILLET, le 16 Novembre 2023

Le cancer du poumon reste le cancer le plus meurtrier en France (1). À l’occasion du mois de Novembre Perle, le Collectif « Ensemble nous poumons » se mobilise pour sensibiliser l’opinion publique sur le dépistage de cette pathologie par scanner faible dose.

L’ESMO(2) (European Society for Medical Oncology) 2023, qui se tenait à Madrid du 20 au 24 octobre dernier, devant plus de 30 000 oncologues du monde entier, a mis en avant de nouvelles stratégies efficaces contre le cancer du poumon.

Le Conseil européen a publié en décembre 2022 une recommandation invitant les États membres à « étudier la faisabilité et l’efficacité du dépistage par tomodensitométrie à faible dose (3)», avec une attention particulière à « l’identification et au ciblage des profils à risque élevé ». En France, dans le cadre de la stratégie décennale contre le cancer, l’INCa s’est engagée, dès début 2022, dans l’élaboration d’un programme pilote de dépistage organisé des cancers du poumon (4).  

Le dépistage, une vraie révolution pour réduire la mortalité liée au cancer du poumon

Les résultats préliminaires de l’étude KBP-2020-CPHG(5) montrent qu’en 20 ans, la survie a fortement progressé dans le cancer du poumon avec une baisse de mortalité à 2 ans de 26,6 % entre les années 2000 et 2020(5). Cette baisse atteint même 34% chez les patients bénéficiant d’un traitement. Malheureusement, 60% des patients restent diagnostiqués au stade métastatique qui est généralement considéré comme non curable(5). Le dépistage du cancer du poumon permet d’augmenter la proportion des patients pris en charge précocement(6), donc éligibles à des traitements curatifs, ce qui augmente les chances de guérison et de survie (7,8). Parmi les cancers diagnostiqués au décours d’un dépistage, environ 70% sont de stade précoce et donc potentiellement curables. Le dépistage aboutit à une réduction de la mortalité liée au cancer du poumon de 21% et réduit la mortalité toutes causes de 5% (9).

Si cette évolution de la survie est particulièrement marquée chez les femmes, elle est parallèle à une inquiétante augmentation du cancer du poumon dans la population féminine ces dernières années, notamment chez les moins de 50 ans. En 20 ans, la proportion de femmes parmi les patients atteints d’un cancer du poumon a plus que doublé(10).

Des Français favorables à cet examen

D’après le baromètre des cancers 2021, publié par l’INCa, 82% des fumeurs quotidiens seraient favorables à une participation à un programme de dépistage du cancer du poumon. Près d’un tiers des personnes interrogées déclaraient avoir déjà réalisé une radiographie ou un scanner des poumons (46% à la demande d’un professionnel de santé, 32% de leur propre initiative) (11).

Le dépistage, un acte de prévention global

Le dépistage par scanner thoracique faible dose permet d’envisager le dépistage d’autres pathologies comme l’emphysème pulmonaire ou les calcifications coronaires (un marqueur du risque cardio-vasculaire). Le dépistage doit en outre être systématiquement associé à un sevrage tabagique. En effet, une personne qui arrête de fumer du tabac à l’âge de 50 ans voit son risque de développer un cancer du poumon diminuer de 50% au cours de sa vie.

Le besoin d’information de la population générale est également fort sur le cancer du poumon et ses facteurs de risque. Le baromètre des cancers révèle qu’une personne sur deux (54,8%) pense que « Faire du sport permet de se nettoyer les poumons du tabac » (12).

Des médecins en besoin d’informations sur la place du scanner faible dose

Actuellement, la méthode de dépistage du cancer du poumon utilisée par les sociétés savantes françaises est le scanner faible dose non injecté (13). On rappelle ici l’inefficacité démontrée de la radiographie thoracique dans cette indication (14) ; malheureusement encore trop souvent prescrite (15). C’est ce que révèle une étude observationnelle descriptive des pratiques de dépistage menées dans les Hauts-de-France, réalisée notamment par le Dr Olivier Leleu du collectif « Ensemble Nous Poumons » (16). Dans cette étude, seule la moitié des médecins déclaraient avoir déjà prescrit un scanner thoracique pour dépister le cancer du poumon (16).

Face à ce besoin d’informations, le collectif pluridisciplinaire composé de professionnels de santé et de représentants d'associations de patients, "Ensemble Nous Poumons", créé en 2021 et soutenu par AstraZeneca, se mobilise pour rappeler aux médecins généralistes et aux pneumologues les bonnes pratiques recommandées par les sociétés savantes :

Respecter les critères d’inclusion : personnes de 50 à 74 ans, présentant un tabagisme de plus de 10 cigarettes/jour pendant plus de 30 ans ou plus de 15 cigarettes/jour pendant plus de 25 ans ; un tabagisme actif ou sevré depuis moins de 10 ans

Demander un examen de dépistage : un scanner thoracique faible dose non injecté. Cet examen permettra de déterminer l’absence ou la présence d’un nodule et sa nature (bénin, indéterminé, dépistage positif), mais également d’analyser le parenchyme pulmonaire (emphysème), les coronaires (calcifications), l’aorte ascendante, la plèvre ou encore la densité osseuse

En cas de tabagisme actif, le médecin généraliste proposera à la personne fumeuse une aide au sevrage tabagique et l’orientera vers les professionnels et organismes dédiés.

Un message du Collectif « Ensemble nous poumons » : Laure Guéroult-Accolas, Jean-Pierre Lassaigne, Dr Nicolas Benoît, Dr David Boulate, Pr Sébastien Couraud, Pr Paul Hofman, Pr Mathieu Lederlin, Dr Olivier Leleu, Dr Caroline Caramella, Dr Hervé Lena.

Le Collectif « Ensemble nous poumons », est constitué d’oncologues, de pneumologues, de chirurgiens thoraciques, de radiologues, de pathologiste et d’associations de patients (17). Son ambition : éliminer le cancer du poumon comme cause de décès. Pour en savoir plus, rendez-vous sur ensemblenouspoumons.fr

BPCO : BronchoPneumopathie Chronique Obstructive

1. HAS. Dépistage du cancer du poumon : la HAS recommande l’engagement d’un programme pilote. Février 2022.

2. https://www.esmo.org/

3. https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2022/12/09/council-updates-its-recommendation-to-screen-for-cancer/

4. https://www.e-cancer.fr/Actualites-et-evenements/Actualites/Depistage-du-cancer-du-poumon-lancement-d-un-projet-pilote-par-l-Institut

5. Cancer du poumon : forte amélioration de la survie en 20 ans, d’après l’étude KBP-2020-CPHG - Medscape - 31 janv 2023. Congrès de pneumologie de langue française (CPLF, 27-29 janvier 2023) / intervention du Dr Debieuvre. Actualités A30 KBP 2020/29 janvier 2023.

6. Leleu O et al. Lung Cancer Screening by Low-Dose CT Scan:Baseline Results of a French Prospective Study. Clin Lung Cancer. 2020;21:145-152.

7. HAS. Guide du parcours de soin. Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique. Cancers broncho-pulmonaires [en ligne]. Juillet 2013.

8. Les traitements des cancers du poumon, collection Guides patients. Cancer info, INCa, novembre 2017.

9. Bonney A. et al. Impact of low dose computed tomography (LDCT) screening on lung cancer-related mortality. Août 2022.

10. Debieuvre D et al. Lung cancer trends and tumor characteristic changes over 20 years (2000-2020): Results of three French consecutive nationwide prospective cohorts' studies. Lancet Reg Health Eur. 2022;22:100492. L’étude KBP-CPHG est une étude observationnelle conduite tous les 10 ans au sein des hôpitaux non universitaires par le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux, en France métropolitaine et DROM-COM. La cohorte 2020 de patients avec un cancer broncho-pulmonaire était de 8 999, répartis sur 82 centres. Voici les résultats préliminaires (2 515 données manquantes).

11. INCa. Baromètre cancers 2021. 2023.

12. INCa. Baromètre cancers 2021. Attitudes et comportements des Français face au cancer. 2023.

13. Recommandations de l’Intergroupe francophone de cancérologie thoracique, de la Société de pneumologie de langue française, et de la Société d’imagerie thoracique sur le dépistage du cancer bronchopulmonaire par tomodensitométrie à faible dose d’irradiation. Revue des Maladies Respiratoires. 2021;38:310-25.

14. Oken MM. et al. Screening by chest radiograph and lung cancer mortality: the Prostate, Lung, Colorectal, and Ovarian (PLCO) randomized trial. JAMA. Novembre 2011. 

15. Marchal E et al. Behavior of general physicians about lung cancer screening in a French region hosting a pilot study. Respir Med Res. 2023 Feb 20;83:100992. 

16. Marchal E et al. Behavior of general physicians about lung cancer screening in a French region hosting a pilot study. Respir Med Res. 2023 Feb 20;83:100992. Étude observationnelle descriptive des pratiques de dépistage en envoyant un questionnaire auto-rapporté à 1013 médecins généralistes exerçant dans la région Hauts-de-France.

17. Associations de patients : « Mon Réseau Cancer du Poumon » et « De L’Air ».

 

 

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