Montpellier - Compte rendu de la réunion publique « Qu'est-ce que la Quatrième Internationale ? 

Montpellier - Compte rendu de la réunion publique  « Qu'est-ce que la Quatrième Internationale ? 

Montpellier - Compte rendu de la réunion publique « Qu'est-ce que la Quatrième Internationale ? 

Par CCI POI, le 15 Octobre 2023

Compte rendu de la réunion publique « Qu’est-ce que la Quatrième Internationale ?  Qu’est-ce que le Trotskisme ? »

Du samedi 14 octobre au Dôme à Montpellier.

Par un militant du courant communiste internationaliste (section française de la Quatrième internationale).  

Nous allons tenir dans quelques mois un congrès mondial. Nous ne sommes pas une simple addition de sections nationales, nous cherchons à avoir un point de vue sur la situation d’ensemble. Nous partons de l’état du monde, des rapports entre les nations et entre les deux classes qui s’affrontent.

Avant d’évoquer quelques points : en quelques mots, d’où vient la quatrième internationale ?

Cette internationale a été proclamée en 1938, mais elle est le fruit d’un long combat pour construire une internationale.

Quand Marx et Engels rejoignent le mouvement ouvrier, il commence par aider à renforcer l’AIT, l’association internationale des travailleurs, dans laquelle se côtoyaient marxistes et anarchistes. Il fallait une organisation qui aide la classe ouvrière indépendamment de leur appartenance à différentes nations. La lutte de classe est internationale dans son contenu même si elle prend des formes nationales.

Marx a aidé à comprendre les rouages de l’exploitation dans « le Capital », il a participé au renforcement de l’organisation.

L’échec de la Commune de Paris aura pour conséquence la fin de la Première internationale et l’avènement de partis et d’organisations de masses dans le cadre de la Deuxième internationale.

Celle-ci va regrouper des millions de travailleurs, avec des groupes parlementaires et des dirigeants qui parfois développent des illusions sur la possibilité de résoudre le problème de l’humanité par des réformes parlementaires progressives.

Lorsque que la première guerre mondiale est déclenchée, dont l’objet était le partage du monde et en particulier des ressources de l’Afrique, la seconde internationale explose, ses dirigeants acceptent le cadre de l’union nationale et votent les crédits de guerre.

Des militants internationalistes résistent : ce sont les conférences de Kienthal et Zimmerwald, pendant la guerre, qui jetteront le pont pour tout reconstruire.

A chaque fois que la classe avance, d’énormes pressions s’exercent pour la faire reculer. Remarquons d’ailleurs que la campagne de haine hystérique en direction de la LFI donne un aperçu de ce que peut déchainer la bourgeoisie contre ceux qu’elle ne parvient pas à contrôler.

Se produit alors la première révolution ouvrière victorieuse : la révolution Russe. En février 17, les ouvriers abattent le tsarisme, le pays se couvre de Soviets. Le peuple veut la paix tout de suite, le pain, la terre aux paysans. Les bolchéviques sont disponibles pour satisfaire tout de suite ces revendications : ils deviennent majoritaires et font basculer la situation. Cela devait être le point de départ de la révolution mondiale. Cette victoire donne un élan décisif dans la construction de la troisième internationale, sur les ruines de la précédente qui n’a plus d’existence réelle du fait que chaque section est engagée dans la guerre.

Quand Trotsky fonde la Quatrième Internationale, il s’appuie sur l’expérience passée. Il décide avec ses camarades de fonder cette internationale après avoir lutté de toutes ses forces contre le stalinisme, c’est-à-dire contre la bureaucratie qui veut renoncer à la révolution mondiale, plaider le statut quo avec l’impérialisme, et pour cela, il fallait en passer par l’élimination de la démocratie, du bolchévisme, des soviets, et donc de l’opposition de gauche. Staline mettra des années, et il parviendra à liquider physiquement l’essentiel de l’avant-garde soviétique, à l’exception de Trotsky, exilé. Les staliniens finiront par l’assassiner en 1941 au Mexique.

La quatrième internationale est l’héritière de ce combat pour le maintien d’un objectif : le socialisme, à partir d’un double constat : que le capitalisme ne peut plus satisfaire les besoins de l’humanité, menace celle-ci de crises permanentes , et que les anciennes directions de la classe ouvrière ont tourné le dos au combat pour le socialisme, et ont tourné le visage vers l’intégration au sein des appareils d’Etat (pour les partis sociaux-démocrates) ou sont aux ordres de la bureaucratie soviétique (pour les partis communistes stalinisés).

Il fallait pour cela, une organisation internationale, basée sur le centralisme démocratique, armée d’un programme révolutionnaire : c’est le programme de transition.

Cette fondation s’est faite dans des conditions terribles : la bureaucratie stalinienne avait liquidé l’avant-garde en URSS. Elle a organisé, par ses erreurs, une série de défaites terribles pour la classe ouvrière mondiale : défaite de la révolution en Chine en soumettant les communistes chinois au bourreau Tchang Kaï-chek, défaite de la grève en Grande Bretagne, défaite de la révolution allemande par la division des rangs ouvriers entre socialistes et communistes, défaite de la révolution Espagnole en brisant les reins de la classe ouvrière par la politique du Front populaire...

C’est minuit dans le siècle, mais face aux tâches immenses de la classe ouvrière, renoncer à construire une nouvelle internationale aurait été une capitulation : Trotsky jettera toutes ses forces pour construire cette nouvelle internationale à partir du moment où la victoire de Hitler, du fait des erreurs de la section allemande de la troisième internationale, ne suscite aucune crise, aucune réaction particulière dans les différents partis stalinisés : il n’y a plus rien à faire d’un poids mort pour la classe, non redressable, il faut donc une nouvelle internationale, pour préserver le programme révolutionnaire et agir,  dans l’indépendance totale vis-à-vis des dirigeants sociaux-démocrates et staliniens.

Maintenant, la question est : et aujourd’hui ? Quelle est la place de la quatrième internationale ? Ce qui a été proclamé en 1938, ce qui a été inscrit dans le programme de transition, est-ce d’actualité ?  
Nous allons tenir notre congrès mondial, voilà notre point de vue sur la situation : ce qui marque la situation, c’est la marche à la guerre, la généralisation de la guerre. Nous avons écrit cela depuis des mois. Qu’est-ce qu’il vient de se passer ?

On parle d’un embrasement de la Palestine. En fait, 2,3 millions de gazaouis sont menacés de mort. Ils sont sommés de partir, sans savoir où ni comment. Ils sont bombardés jour et nuit, dans un état de siège.

Comment en est-on arrivé là ?

Le point de départ de cette catastrophe, c’est la partition de la Palestine : c’est un accord entre Staline (déclaration de Gromyko de 47 à l’ONU en faveur de la partition) et les grandes puissances pour implanter l’état d’apartheid, soutenu à fond par l’internationale socialiste. A partir de là des millions de Palestiniens sont allés peupler les camps de réfugiés un peu partout, en Syrie, au Liban, en Jordanie…

Un long combat sera engagé, en particulier avec l’OLP, pour reconquérir la Palestine, avec un mot d’ordre : un état démocratique, laïque, sur tout le territoire de la Palestine, avec égalité des droits.

Le tournant dans ce combat, ce sont les accords d’Oslo. On peut les lire, ils ne sont pas longs. On pourrait se dire : c’était un accord de paix et de coopération avec deux états séparés. C’est comme cela qu’il a été présenté par toute la classe politique, de la droite à l’extrême gauche. Même la LCR y était favorable.

En fait, ces accords, négociés en secret, renonçaient à une Palestine unique, au droit au retour des réfugiés qui avaient été chassés. Il y avait la reconnaissance d’un pseudo Etat avec deux entités : Gaza et la Cisjordanie.

Yasser Arafat a tenté de dire : c’est un début, pour reconquérir toute la Palestine.

En fait il s’agissait de confier à une autorité palestinienne une police pour la sécurité intérieure et à l’extérieur, l’armée israélienne qui braquait ses fusils.

Nous avons caractérisé ces accords en indiquant qu’ils préparaient de nouvelles catastrophes pour le peuple palestinien.

On nous répondait alors : un état unique, cela n’est pas réaliste. Il faut soutenir la paix. On a même parlé de « catastrophisme lambertiste ».

Que voit-on aujourd’hui ? Deux millions de gazaouis sous les bombes.

L’hôpital de Gaza a même été contacté par l’armée israélienne pour indiquer qu’il allait être détruit : la barbarie.

En 1938, nous disions : le capitalisme de nos jours conduit à la catastrophe. Nous y sommes en Palestine. Incapable de résoudre une question démocratique pour le peuple palestinien, l’impérialisme a sa solution : la guerre, avec ses horreurs, ses atrocités sans nom.

Bien sûr, la question d’un état unique est toujours valable. Mais au moment présent, le seul combat valable en pratique, et d’urgence c’est d’exiger le cessez le feu, l’arrêt des bombardements, refuser le carnage ! Là-dessus, il faut évidemment s’appuyer sur la LFI, et surtout, la défendre.

La barbarie, nous y sommes aussi en Ukraine !

La tragédie en Palestine se rajoute à la guerre en Ukraine, qui est le résultat de l’encerclement de la Russie, du mouvement du Maidan, largement influencé par les USA, pour organiser la guerre civile contre la partie russophone, puis l’agression de Poutine, planifiée par l’impérialisme, pour organiser une guerre par procuration qui ne pourrait pas avoir lieu sans les dollars et les euros qui se chiffrent en milliards, pour affaiblir la Russie. C’est une guerre par procuration.

Cela entraine partout une course aux armements : en France, le budget de l’armée est de 413 milliards sur les prochaines années, et passera devant le budget de l’éducation, et le SNU va être généralisé pour endoctriner la jeunesse.

La barbarie touche particulièrement le continent africain, qui subit une course au pillage. Car l’indépendance apparente des pays concédée lors de la décolonisation s’est accompagnée du maintien de contrats pour que les pays impérialistes puissent continuer à piller le continent le plus riche du monde dont la population est la plus pauvre. C’est pour cette raison que la guerre s’étend pays sur pays.

Face à cela, le Sahel a connu une vague de soulèvements : coup d’état au Mali en 2021, dénoncé évidemment par la France, mais qui a été obligée de retirer les troupes de Barkhane en 2022. Puis en 2022 le Burkina Faso et très récemment, le Niger, avec cette fois ci une menace d’intervention armée sous l’égide de l’Union Africaine soutenue par la France.

L’Amérique Latine connait également la pression de l’impérialisme, mais aussi la résistance. En effet, 11 gouvernements sont dits aujourd’hui progressistes, comme le Mexique le Brésil, le Pérou, la Colombie, la Bolivie, le Honduras ou l’Argentine. C’est la traduction de la volonté de résister, en utilisant des groupements petits bourgeois pour combattre l’impérialisme.  Pour nous la question centrale, c’est trouver l’axe de la rupture. Exemple : au  Brésil, Lula a été élu depuis 9 mois. Dans le cadre des Etats il est possible de faire certaines choses, mais pas l’essentiel. Il y a eu une augmentation réelle du salaire minimum, des entreprises ont été retirées de la liste des privatisations, le gouvernement a relancé des programmes sociaux, comme Bolsa Familia ou le Minha Casa Minha Vida. Mais Bolsonaro est au cœur de l’appareil d’état en particulier du congrès, où la réaction domine. Que fera Lula ? Tout le monde a en tête le Chili en 1973 : des mois où Allende tapa sur les syndicalistes, demandant de renoncer au combat, pour tenter de trouver un équilibre avec la bourgeoisie. Au final, les coups portés sur le prolétariat aideront à la victoire de Pinochet.

La planète entière est le terrain d’affrontements entre intérêts financiers, dominé par l’impérialisme le plus puissant, l’impérialisme américain. Les USA et les autres impérialismes tentent de déstabiliser le monde  en permanence en utilisant tous les conflits, en les créant, pour placer leurs intérêts, mettre à la tête des états des hommes à leur botte. Les USA ont besoin de faire pénétrer partout leurs capitaux : d’où les conflits commerciaux avec la Chine et les menaces de guerre, en instrumentalisant Taiwan. La bureaucratie chinoise va cependant accepter progressivement tous les reculs en remettant en cause les conquêtes de la révolution chinoise de 1949.

Mais la résistance existe également au sein des pays impérialistes : le rejet des formations politiques traditionnelles va de pair avec des grèves puissantes, comme sur les salaires en Allemagne, USA, GB, en France avec les mobilisations massives pour la défense des retraites au printemps.

L’impérialisme ira jusqu’au bout ; Gaza n’est qu’un maillon dans la chaine des guerres qui se propagent ; déclarer que les choses vont aller mieux après dans le cadre du capital, c’est désarmer la classe.

L’analyse lucide c’est que l’impérialisme utilisera tout ce qui est en son pouvoir pour liquider toutes les conquêtes de l’après-guerre, fera pénétrer partout ses capitaux ; quitte à détruire, à embraser des régions entières. La barbarie en Afghanistan, en Irak, en Lybie, en Syrie, au Sahel… partout, la destruction des droits, la précarité, l’exploitation : voilà le sort que réserve l’impérialisme au monde entier.

Un mot sur la situation actuelle en France : la LFI est attaquée de toute part. tout est prétexte à liquider ce regroupement dans lequel des millions veulent tourner la page des gouvernements de la cinquième république. Nous avons parfois des désaccords avec la LFI, mais un pas en avant vaut mieux que 1000 programmes. L’axe de résistance face au tenant du choc des civilisations, c’est le cessez le feu, tout faire pour arrêter cette guerre atroce. En ce sens, nous sommes à 100% avec les responsables de la LFI. Il faut aider tous les militants à expliquer les ressorts de l’hystérie médiatique, relayée d’ailleurs par des dirigeants comme Roussel ou Faure, sans parler des inénarrables Verts.

Il faut les arrêter, par la mobilisation par en bas.

Des combats, il y en aura, car les peuples ne se laissent pas faire. Ceux qui disent « c’est perdu d’avance », « la situation est désespérée, on ne peut rien faire » cela ne signifie qu’une chose : qu’on ne compte pas sur eux, ils préfèrent être au chaud dans les combines des appareils. Les combats sont devant nous, la seule question, c’est de savoir si une organisation révolutionnaire pourra les faire aboutir.

C’est cela que l’on doit avoir à l’esprit et qui appelle le renforcement de la quatrième internationale.

Place à la discussion !

Les questions et quelques éléments de réponse…

« Il y a plusieurs groupes qui se réclament du trotskisme ou de la quatrième internationale, pourquoi ? »

En effet, il y a un tas de groupes qui se réclament de la quatrième internationale, ou disons que parfois ils s’en réclament. Cela participe de la confusion politique. C’est un héritage du passé. En effet, dans les années 50, un des dirigeants de la Quatrième internationale de l’époque prophétisait qu’il fallait arrêter de construire notre courant, et au lieu de cela, aller aider les staliniens, qui allait faire la révolution à la place des masses. Cela a abouti à la création d’un courant politique, que l’on appelle le « pablisme », très attaché à défendre les appareils de la gauche, à les soutenir sur leur flanc… tout cela au nom du trotskisme. Cela a donné naissance, entre autres au NPA en France. Ce courant subit crises sur crises et des petits groupes tombent de la table. Mais ces groupes n’ont pas de vie autonome, ils se conçoivent souvent comme étant un groupe de pression sur d’autres appareils, et sont fondamentalement attachés au pablisme, et ne conçoivent leur rôle qu’en des combinaisons avec lui.

Maintenant, pour chercher à y voir clair, il faut regarder les positions défendues par le NPA plutôt que les étiquettes. Prenons l’Ukraine : depuis le début, ils ont soutenu la guerre, appelé à renforcer les livraisons d’armes. C’est l’orientation de l’OTAN !

Depuis la chute du stalinisme, ce courant est un peu perdu, tape un coup à gauche, un coup à droite, et finalement, c’est la pression ambiante qui les guide plus qu’autre chose. Cela ne signifie pas que leurs militants soient malhonnêtes, mais il faut discuter franchement de leur orientation à mille lieux du mouvement ouvrier et de ses buts.

« J’ai souvent entendu dire que votre parti (le CCI/POI) était sectaire, c’est vrai ? »

On est toujours disponible pour soumettre notre orientation au feu de la critique. Quel courant peut se vanter d’accepter en retour de discuter de ses critiques ?

Sectaire ? Mais quand nous avons apprécié les pas en avant dans la voie de la rupture de Mélenchon, nous avons immédiatement apporté notre soutien, indépendamment de certaines divergences que nous pourrions avoir, et on continue de le faire sur la question du cessez le feu en Palestine.

En fait, quand les appareils de toutes sortes nous accusent de sectarisme, ils visent une chose : notre sérieux dans l’analyse, la précision des mots d’ordre et de l’orientation, le tranchant de notre critique de leur politique sur lequel ils se coupent les doigts. Ils accusent de sectarisme une politique qui les gêne dans leurs manœuvres, car pour manœuvrer, il faut du flou, du mouvant, pour pouvoir combiner dans le dos des masses.

En fait, quand des opportunistes et des carriéristes critiquent notre sectarisme, c’est un compliment.

« J’ai vu l’insistance mise dans l’appel des syndicats au 13 octobre sur les questions environnementales. Quelle est votre position sur l’écologie ? »

Nous ne sommes pas un courant écologiste. Les écologistes estiment que les activités humaines doivent diminuer, que l’humanité doit apprendre la sobriété, et qu’à ne pas le faire on court à la catastrophe.

Nous pensons tout le contraire : si l’on veut se prémunir de certaines catastrophes naturelles, comme les inondations, il faut construire des digues, des logements résistants, aménager intelligemment. Pour cela, il faut des moyens. En Lybie, le pays a été laminé par la guerre menée par les impérialistes et les digues ont cédé.

Ensuite, parler de sobriété en direction de l’humanité : la moitié d’entre elle y est déjà. Cela s’appelle la pauvreté. On va expliquer qu’il faut diminuer le pouvoir d’achat ? Moins manger ? Moins se soigner ?  on va expliquer aux africains qu’il ne faut pas construire une industrie et en Europe, qu’il faut y renoncer ?

Pour résoudre les problèmes de pollution, il faut au contraire développer la recherche, l’université, donc tout le reste. D’où notre combat contre Parcoursup, pour construire des syndicats pour défendre la recherche contre les appels à projet, contre la précarité dans la recherche.

De la même manière sur l’énergie, si on tourne le dos au gaz et au pétrole, mais qu’il faut aussi renoncer au nucléaire, et ne pas extraire de terres rares : que fait-on ? Au contraire, il faut utiliser tous les éléments nécessaires à la production d’énergie. Mais comme le capital ne recherche que le profit et profite de toutes les occasions : il nous faut un plan.

Nous ne sommes pas pour expliquer que face aux calamités, il faut diminuer la production, au contraire, nous expliquons que le capital est en train de détruire les moyens qui nous permettraient de mieux gérer notre rapport à la nature.

« J’ai entendu dire que vous n’étiez pas pour le féminisme. Est-ce vrai ? »

Les macronistes sont formidables.

Nous sommes pour l’émancipation réelle des femmes, dans la vraie vie, et cela passe par la lutte de classe.

Un journaliste sur France Info a sorti : « Jean-Luc Mélenchon vient de l’OCI (la section francaise de la Quatrième internationale à l’époque), la branche la plus masculiniste et hermétique au féminisme ». Rions un bon coup et regardons la réalité.

En 1917, les bolchevicks établissent non seulement l’égalité des droits homme/femme par le code de la famille, le code des lois sur l’état civil, mais surtout ils s’intéressaient à la condition de la femme. Les femmes qui étaient réduites à des bêtes de somme en particulier en milieu rural. Ils ont alors créé des cantines populaires, des lavoirs publics, des maternités, des crèches, des écoles.

La république soviétique fut le premier pays au monde à organiser l’avortement médical pour les femmes. Avant tous les autres pays !

Que font les « féministes » du gouvernement macron ? Ils liquident des hôpitaux, des maternités, privatisent des crèches comme à Montpellier, détruisent l’école publique !

Qui a gagné la sécurité sociale en France ? Le combat de la classe ouvrière à la Libération. Qui s’acharne à vouloir liquider la sécurité sociale ? Tous les gouvernements de droite comme de gauche, y compris ceux palabrant sur le féminisme.

Et les mêmes vont nous faire la leçon ? Quelle honte !

Ensuite oui, nous nous intéressons aux conditions de vie  réelles des femmes. Les ATSEM à Montpellier se sont mis en grève : 500 devant la mairie pour dire qu’elles étaient épuisées. Où étaient les féministes des beaux quartiers ?

La situation réelle et l’émancipation des millions de travailleuses ouvrières et paysannes dans le monde nous intéressent plus que les discussions profondes sur l’épilation, l’écriture inclusive ou le comportement des hommes en général et autres considérants idéologiques méandreux. Les rapports homme/femme évolueront par l’émancipation sociale des femmes, pas par des gesticulations ou des palabres dans des réunions.

Pire : ces questions sont parfois dressées directement contre le mouvement ouvrier, pour nous diviser. Le 7 mars dernier, nous étions massivement en grève. J’ai alors posé la question : ne devrait-on pas reconduire le 8 ? Certains m’ont répondu : mais le 8, c’est la grève féministe. Ah bon ? On n’est pas tous unis pour le retrait de la réforme des retraites ? Résultat : on a fait de la question du 8 mars un élément de division. A Béziers, un militant syndicaliste qui prend habituellement la parole pour son syndicat s’est vu rétorquer : tu ne peux pas prendre la parole, tu es un homme.

Combat réel pour l’émancipation sociale ou discussion culturelle, idéologique sur des abstractions : nous avons choisi. 

Pour combattre pour les droits réels des femmes, pour leur émancipation totale, c’est sous le drapeau de la quatrième internationale que cela se passera, pas chez les bobos. Défense de la sécu, défense des hôpitaux, un vrai travail un vrai salaire pour tous et toutes, des écoles, des maternités, des crèches !

« Est-ce que l’on peut encore parler de stalinisme aujourd’hui ? »

Pas comme avant. Mais comment expliquer l’attitude de Roussel face à la NUPES et LFI ?

Le stalinisme a docilisé les partis communistes pour en faire des instruments serviles pour la bureaucratie stalinienne.

Quand celle-ci  s’est effondrée, les partis en question n’ont pas disparu, même affaiblis. Ils se sont tournés vers leurs Etats respectif, les institutions dans lesquelles ils étaient déjà installés, et cherchent à y survivre, tout en voyant leurs effectifs fondre lentement.

Il reste donc des appareils aux méthodes héritées du stalinisme, mais qui sont attachés totalement à leurs nouveaux maitres.

Sans cela, on ne peut comprendre les attaques permanentes et pas toujours très honnêtes d’un Roussel qui a déclaré il y a peu : « La position de LFI sur le Hamas est une rup­ture fondamentale ». On voit ici les vieilles méthodes du stalinisme, basées sur la calomnie.

« Comment peut-on éviter le danger du RN ? »

Il faut peut-être avant clarifier à propos du danger RN. Est-ce que le RN représente le fascisme, et dans tous les cas, comment le combattre.

Nous nous démarquons de ce que l’on appelle l’antifascisme. « Tous unis contre le fascisme » disent certains. Avec Macron ? C’est une discussion.

Un communiqué contre l’extrême droite à Montpellier, signé entre autres du PS, du PC, des verts se termine par : « Nous appelons les autorités locales et nationales à agir avec détermination pour identifier et punir les responsables de ces actes odieux »

Peut-on combattre le RN en utilisant les autorités locales et nationales, donc Moutouh (le préfet de l’Hérault à l’époque), Darmanin et Macron ? Mais ils sont ensemble à l’assemblée nationale à applaudir les bombardements en Palestine ! Ils demandent ensemble d’en finir avec LFI !

Et la police qui nasse et réprime les manifestations en toute occasion, ils répondent à quels ordres ? A ceux du RN ?

La menace pour la démocratie ne vient pas du RN, mais de l’appareil d’Etat.

Alors oui, c’est un combat clair et net contre toute la réaction qu’il nous faut, pas uniquement contre le RN, qui n’est actuellement qu’un pion politique sur l’échiquier du macronisme.

J’ai vu que des jeunes s’engagent contre l’extrême droite. C’est bien. Mais en se limitant à ce seul point, ils passent à côté de l’essentiel. Pourquoi le RN fait tant de voix ?

N’y a-t-il pas un rapport entre ces résultats et le renoncement continuel de la part de la « gauche » à défendre les ouvriers ou même à faire semblant ? Et cela n’a-t-il pas un rapport avec l’héritage politique des dirigeants du PS et du PC.

Comment vouloir combattre l’extrême droite, sans comprendre cela ? C’est impossible. Pour combattre le RN, il faut renforcer organiser l’avant-garde sur un axe d’indépendance absolue face aux politiques de destruction sociale. C’est ainsi que l’on pourra rassembler les voix égarées au RN et les abstentionnistes. Pas uniquement pour les faire voter d’ailleurs, mais pour être avec eux dans l’arène du combat révolutionnaire.  

C’est donc d’un parti d’avant-garde dont nous avons besoin, et cela passe par le combat pour défendre la LFI actuellement en France.

« Pourquoi la quatrième internationale, qui est révolutionnaire, est engagée dans la LFI ? »

Nous sommes avec la LFI car c’est un axe de résistance et de rupture, et la bourgeoisie ne s’y trompe pas. Ce n’est pas tel ou tel propos de Mélenchon qui est visé, ce sont les millions qui se sont dressés, qui échappent au contrôle des appareils, cela les terrorise. Nous sommes avec ces millions et nous soutenons tous les pas en avant dans une direction qui permet de résister.

Maintenant nous avons des divergences. Nous savons que les élections ne suffiront pas, qu’un combat de classe se mènera et qu’il faudra être au cœur des masses.

Mais c’est en avançant, dans le feu du combat, que l’on verra quelles idées sont à retenir et lesquelles sont à écarter.

« Je suis étonné du manque de réaction des syndicats. Hier (le 13 octobre) on n’était que très peu nombreux à Montpellier »

Les millions qui ont manifesté contre les retraites n’ont pas disparu. Le problème, c’est que le 13 octobre a été appelé dans le cadre d’une euro manifestation, donc sous l’égide de la CES, sans la moindre revendication, sans appel à la grève, dans le but affirmé de peser sur la conférence sociale sur les salaires dont on se doute qu’elle ne va pas aider à résoudre le problème des salaires justement. Je ne parle même pas de préparer cela dans des réunions où nos collègues pourraient discuter. Difficile de croire dans ces conditions qu’il y aurait un déferlement… raison de plus pour aider à formuler les revendications par en bas, et mobiliser pour les faire aboutir…

Finalement, c’est la question de l’indépendance syndicale. C’est le cas dans tous les pays européens, comme par exemple en Italie où la CGIL va devoir faire un choix concernant l’union nationale morbide avec Meloni…

 

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