Pyrénées-Orientales - Mettre en lumière dans les Pyrénées-Orientales les précieux enseignements des Sénatoriales

Pyrénées-Orientales - Mettre en lumière dans les Pyrénées-Orientales les précieux enseignements des Sénatoriales

Pyrénées-Orientales - Mettre en lumière dans les Pyrénées-Orientales les précieux enseignements des Sénatoriales

Par Francis Daspe, le 25 Septembre 2023

Les élections sénatoriales de ce 24 septembre permettent de tirer quelques enseignements politiques significatifs.

Le candidat présenté par La France Insoumise / NUPES, François FERRAND, avec sa suppléante Sylvie VENTURA-CID, a obtenu au premier tour 36 voix. Sachant que parmi les « grands électeurs » il n'y avait pas plus de 5 Insoumis identifiés comme tels, cela signifie que toutes les autres voix obtenues sont des « gains » ou des « conquêtes » résultant de la campagne menée par nos candidats et du travail de fond réalisé au quotidien dans l’ensemble du département par les militants de La France Insoumise. 

Les autres principaux enseignements à retirer de ce scrutin résultent de l’écoute (au sens propre) attentive du dépouillement. Excepté Les Républicains qui possédaient deux sénateurs sortants, toutes les formations politiques ne présentaient qu’un seul candidat. Il était donc extrêmement instructif de prêter attention à la composition des binômes ou tickets que chaque grand-électeur avait choisi de constituer.

Pour Les Républicains, malgré la victoire et le maintien des deux postes de sénateurs, les choses n’ont cependant pas été aussi simples que de prime abord. En effet les tickets Jean SOL et Lauriane JOSENDE n’ont pas été la règle, loin s’en faut, témoignant de vives tensions en interne. Le bilan du sortant ne constituait visiblement pas un atout chez les uns, l’intronisation de la nouvelle par le sénateur sortant qui ne se représentait pas, François CALVET, ne faisait pas l’unanimité chez d’autres.

 Le candidat socialiste Robert GARRABÉ, arrivé en troisième position, échoue pour 130 voix. Il est victime d’abord d’une base électorale initiale trop restreinte, en dépit du contrôle du Conseil Départemental et du Conseil Régional, pompes à subventions et à clientélismes. Il est ensuite victime d’une trop grande porosité et volatilité des votes en sa faveur. Nombreux ont été les tickets associant le candidat socialiste à l’une ou l’autre de ses adversaires de droite qui ont fini tous deux par le coiffer assez nettement sur la ligne d’arrivée. Certes une partie de ces attelages pour le moins surprenants résulte d’un vote initial de droite : un grand-électeur d’un candidat de Les Républicains ne voulait surtout pas associer l’autre candidat de son même parti, démontrant si besoin était les bisbilles internes au sein de la droite. Mais il est incontestable que l’autre partie de ces tickets contre-natures était le fruit d’un vote initial socialiste : mais le Parti Socialiste des Pyrénées-Orientales, durement contrôlé par l’égérie des anti-Nupes endurcis Carole DELGA, a toujours de fortes réticences à voter pour d’autres qu’eux à gauche, et surtout à leur gauche… C’est le douloureux revers de la médaille d’un « delgaïsme » certes soluble dans le macronisme, la cogestion opportuniste avec la droite et les connivences coupables entre petits notables locaux, mais pour qui le périmètre de la gauche reste très largement une terre étrangère et hostile. Et cela finit par se payer un jour ou l’autre au prix fort, aveuglé par l’illusion de petites rentes octroyant de petits succès momentanés.

La preuve en est le score réalisé par la communiste Lola BEUZE. De manière informelle, on pouvait s’attendre à que le partenaire communiste de la majorité socialiste du Conseil Département (sans oublier de la majorité socialiste menée par Carole DELGA au Conseil Régional) bénéficie de la seconde voix des « grands-électeurs » socialistes ayant voté Robert GARRABÉ. Il n’en a (presque) rien été. Lola BEUZE obtient en effet au premier tour 305 voix de moins que le candidat socialiste. En outre, sachant que les tickets GARRABÉ / BEUZE n’ont pas étés la règle, on peut estimer à presque 400 le nombre de grands-électeurs socialistes à ne pas accorder leur autre vote à la communiste… Un gouffre !

D’autres enseignements de ces élections sénatoriales sont aussi à mettre en exergue. L’absence de candidats du parti présidentiel constitue une anomalie démocratique en disant long sur la décrépitude de la Macronie et son caractère hors-sol que les « épidémies de sifflets » confirment si besoin était. Le score du candidat du Rassemblement National a été plus que contenu, contrairement à certains commentateurs qui annonçaient une percée et un effet d’entraînement du candidat soutenu par le maire de Perpignan (234 voix équivalant à 18,57%). Enfin le score honorable du candidat écologiste Marc PANIS ne s’explique pas en raison du seul attrait de l’écologie : nombre de ses 80 voix ont été acquises dans des tickets avec un candidat de Les Républicains, ce qui est à rechercher du côté des ressorts du catalanisme ou d’une forme de ruralité de proximité.

Les évolutions du second tour attestent de la pertinence de ces analyses émises plus haut. Les candidats de droite progressent entre les deux tours : 99 voix supplémentaires pour Lauriane JOSENDE, 62 pour Jean SOL. Cette hausse ne saurait s’expliquer par le seul retrait entre les deux tours de la dissidente Rassemblement National se présentant sous l’étiquette divers droite, et par ailleurs adjointe de premier plan au maire de Perpignan Louis ALIOT, Marie BACH (82 voix). Il faut certainement aussi un peu chercher du côté du candidat officiel du Rassemblement National (autre adjoint au maire de Perpignan), Charles PONS, qui perd entre les deux tours 48 suffrages. Sans doute existe-t-il un vote utile entre la droite, l’extrême droite et le macronisme, coalition que l’on peut nommer « arc autoritaire ». Le socialiste Robert GARRABÉ qui croyait pouvoir jouer la gagne ne progresse que de 15 voix. Très insuffisant pour postuler à quoi que ce soit. A mépriser les partenaires potentiels de gauche on finit par assécher ses réserves de voix de second tour. On se demande où sont passées les 80 voix de l’écologiste Marc PANIS. La réponse est comprise dans l’analyse des tickets du premier tour comprenant le candidat EELV que nous effectuée précédemment. Le maintien des candidats communistes et Insoumis n’a pas été préjudiciable au socialiste. Il restait pour les grands-électeurs faisant le choix de Lola BEUZE ou de François FERRAND la possibilité d’opter pour le candidat socialiste. Sentiment renforcé par la réalité : il n’y a eu à ce second tour que 5 tickets BEUZE / FERRAND. Le retrait de ces deux candidats aurait au contraire pu s’avérer davantage préjudiciable que profitable : peu de voix en plus, davantage de voix pour ses concurrents directs. Car cela aurait libéré la possibilité pour nombre de grands électeurs de faire, en plus du premier vote en faveur de Robert GARRABÉ, le choix de favoriser l’élection d’un candidat de droite au détriment de l’autre candidat de droite, ne réduisant de la sorte l’écart de voix qu’avec un seul candidat de droite, le maintenant avec l’autre. Les candidats communistes et Insoumis n’ont pas trop été touchés par le vote utile du second tour, ne perdant respectivement  que 19 et 8 voix par rapport à leur score du premier tour.

Terminons ce panorama de ces élections par ce trait d’humour. Les Sénatoriales sont la seule élection pour laquelle les électeurs promettent et mentent davantage que les candidats…

Francis DASPE, animateur de La France Insoumise / NUPES

 

 

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