France - L'honneur perdu de Manuel Valls : une persévérance diabolique

France - L'honneur perdu de Manuel Valls : une persévérance diabolique

France - L'honneur perdu de Manuel Valls : une persévérance diabolique

Par Francis Daspe, le 13 Août 2023

On savait depuis longtemps que Manuel Valls avait changé sans la moindre ambiguïté de camp. Ses états de service en France, et plus particulièrement au cours du quinquennat de François Hollande, de sinistre mémoire pour le camp progressiste, ressortissaient davantage au champ du passif et de la trahison. Son parjure, à l’issue de sa défaite à la primaire socialiste de 2017 qui lui avait fait soutenir à la présidentielle Emmanuel Macron au détriment de Benoit Hamon, avait confirmé si besoin était le franchissement de seuil. Ses dérisoires gesticulations afin d’obtenir du Président Macron élu quelque pitoyable strapontin avaient mis en exergue de manière fort cruelle le fond du caractère du personnage. Son escapade du côté de Barcelone en vue de conquérir la mairie s’était traduite en fin de compte par de nouveaux dérapages incontrôlés se clôturant par une sortie de route grotesque. Mais comme le ridicule ne tuant pas, surtout en politique…

            Dans sa quête compulsive de vouloir exister sur la scène politique hexagonale, il en vient à endosser sans la moindre vergogne le rôle de l’idiot utile dans le deuxième numéro du Journal du Dimanche version Bolloré en date de ce 13 août 2023. Il y est interrogé pour apporter sa prétendue expertise, dans le cadre d’un dossier de quatre pages consacré à l’articulation des relations forcément tumultueuses entre police et justice. La tonalité générale du dossier s’inscrit pleinement dans les orientations du « camp de l’ordre » cornaqué par l’extrême droite, ainsi que l’indique le titre en « Une » du JDD : « La police réclame justice ». Sous-entendu que la justice constitue un redoutable obstacle à l’exercice des missions de la police.

            Le titre retenu par la rédaction de l’interview de l’ancien ministre de l’Intérieur qui tient sur moins de la moitié d’une page claque comme un slogan parfaitement assumé : « Je refuse le concept de violences policières ». Les fondamentaux d’une bollorisation de l’esprit de Manuel Valls sont quasiment tous convoqués. Jugez-en plutôt.

Il regrette, de manière connivente avec Gérald Darmanin, que les policiers soient les personnes pour qui la présomption d’innocence  n’existe pas. Il cite, parmi les défis qui ont complexifié ces dernières années les missions de la police, les gilets jaunes et les groupes d’ultra-gauche, en omettant d’indiquer les groupuscules d’extrême droite. Il reprend à son compte les mots de l’extrême droite, instrumentalisés à des fins peu honorables, de banalisation de la violence et d’ensauvagement de la société. Il impute à une partie de la presse et de la classe politique la responsabilité de la situation. Il s’insurge contre le slogan « La police tue ». Il dénonce les propos de La France Insoumise et des écologistes. Il s’effraie, dans la phrase suivante, de constater que cette extrême gauche possède aujourd’hui une légitimité électorale et pèse dans le débat politique. Et de poursuivre, dans le prolongement, en qualifiant cette ultra-gauche de factieuse, insurrectionnelle, sympathisante des incendiaires et des islamistes, c’est-à-dire en reprenant de la sorte la sémantique de l’extrême droite désormais en partage avec la macronie et la droite dite républicaine.

            Manuel Valls ne s’arrête pas en si bon chemin dans sa quête de réaliser un grand chelem de la réaction la plus veule. Il stigmatise le laxisme dans le prononcé et l’exécution des peines. Il défend mordicus la loi de 2017 de Bernard Cazeneuve, qualifiée par beaucoup de « permis de tuer », et par plus encore comme une des sources de la dégradation de la situation observable et observée. Il propose de sanctionner les parents, sans en mesurer la difficulté et les enjeux. En bonus, il estime que la décision du Conseil d’Etat de suspendre l’arrêté de dissolution des Soulèvements de la Terre équivaut à un dévoiement de la liberté d’expression. Un véritable sans faute dans une sinistre course à l’échalote peu ragoûtante !

            Manuel Valls poursuit son naufrage idéologique et politique. Pour qui pouvait encore en douter, il n’existe plus d’atermoiements à penser qu’il a véritablement changé de camp. Peut-être avons-nous minimisé la réalité des choses en le qualifiant d’idiot utile. Il semble plus pertinent et juste de considérer qu’il constitue désormais un élément de poids du dispositif de cette bollorisation des esprits, les termes d’extrême droitisation, de lepénisation ou de zemmourisation, parmi d’autres que chacun pourra rajouter, étant synonymes. Car la mue du Journal du Dimanche se poursuit sans faillir ni faiblir. C’est ainsi que trois chroniqueurs semblent posséder tribune réservée pour déverser leur haine : Pascal Praud pour maintenir la fiction d’une attention particulière au vrai peuple et aux gens de bons sens, Mathieu Bock-Côté pour renforcer le sentiment de victimisation de cette extrême droite en proclamant que Charlie n’est plus Charlie, Eric Naulleau pour prophétiser dans une veine auto-réalisatrice la fin de la Nupes initiée par La France Insoumise après avoir établi une filiation exclusive entre Joseph Kessel et Fabien Roussel via le Chant des Partisans. Et visiblement avec pour journaliste vedette Charlotte d’Ornellas qui coordonne ce dossier police / justice permettant à Manuel Valls d’être réquisitionné pour donner son avis.

            Connaissant l’animal politique Manuel Valls, on est en droit de se demander ce qu’il a en tête. Peut-être, voyant les bisbilles présentes et futures entre Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, vise-t-il à nouveau comme recours le ministère de l’Intérieur ? Qui pourrait se révéler ensuite une rampe de lancement utile pour la présidentielle de 2027 pour laquelle nombreux sont dans le camp de la réaction et de l’ordre ceux qui n’ont pas besoin de se raser pour y penser ? Car Manuel Valls ose tous les mécanos pour satisfaire ses ambitions les plus improbables, et c’est d’ailleurs à cela qu’on le reconnaît ! Non content d’avoir à maintes reprises perdu son honneur, il s’échine à continuer à le perdre…

Francis DASPE

 

 

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