Pyrénées-Orientales - Eau : bifurcation et reconversion à l'ordre du jour pour une rupture écosocialiste dans les PO

Pyrénées-Orientales - Eau : bifurcation et reconversion à l'ordre du jour pour une rupture écosocialiste dans les PO

Pyrénées-Orientales - Eau : bifurcation et reconversion à l'ordre du jour pour une rupture écosocialiste dans les PO

Par Francis Daspe, le 20 Mai 2023

Dans le cadre des élections départementales de 2021, La France Insoumise avait structuré son programme de ruptures sociales, écologiques et démocratiques autour de la notion de « Pyrénées-Orientales écosocialistes ».

Ce programme avait été initié lors des Vendémiaires Insoumises et Citoyennes d’octobre 2020 à Ille-sur-Têt, qui s’étaient transformées, en pleine crise sanitaire du Covid, en séminaire de travail en vue des élections départementales et régionales du début de l’année suivante.

A cette occasion, ni les oppositions ni la majorité départementale ou régionale n’avaient repris cette thématique pourtant fondamentale. Sans doute chacun était persuadé que le monde d’avant pourrait se perpétuer indéfiniment, sans la moindre et quelconque remise en cause. C’était en réalité un avant-goût de la tentative de Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne de la présidentielle de placer la question de l’eau en thème central des débats. Là aussi, en pure perte, en l’absence dramatique de prises de conscience pourtant nécessaires et dans un désert accablant d’idées.

Dans les Pyrénées-Orientales plus qu’ailleurs, il n’est plus possible de détourner le regard quand la maison brûle, pour reprendre une expression chiraquienne hélas pas suivie d’effets concrets. L’acuité de la question de l’eau impose sans ménagement dans le département le redoutable double défi de la bifurcation des modes de vie et de la reconversion des activités économiques. La  gravité de la situation de la crise de l’eau exige des réorientations structurelles et des ruptures radicales. 

La pente vers une agriculture productiviste doit être enrayée pour laisser la place à une agriculture paysanne. Celle-ci doit avant tout penser à satisfaire les besoins alimentaires et sociaux de proximité, pour retrouver le sens d’une agriculture animée par des paysans, aux antipodes des délires d’une agriculture sans paysans.

Le tourisme de masse constitue une impasse. Le « tout-tourisme », promu par paresse et manque d’imagination des décideurs tant politiques qu’économiques, est prédateur en ressources et générateur de précarité et pauvreté sociales. Il a fait office d’obstacle à une pourtant indispensable diversification du tissu économique local. Dans le cadre d’une vision systémique du tourisme, il existe une alternative permettant de conjuguer tourisme, respect de l’environnement, droit au loisir des catégories populaires.

Le rejet des grands projets inutiles imposés (GPII) doit devenir une priorité, et ce qu’ils proviennent de l’Etat, de la région, du département ou des communes. On peut penser indistinctement dans cette optique au projet de gazoduc, au quatrième pont de Céret, à la nouvelle mode d’installation de plateformes logistiques dévoreuses d’espaces agricoles, ou encore dans l’Aude voisine du projet démesuré à tous égards d’extension du port de Port-La-Nouvelle. Pour reprendre une heureuse expression générée lors des Vendémiaires de 2020, les grands projets inutiles imposés équivalent à « un art consommé du ruissellement en circuit fermé au sein de l’oligarchie ».

L’artificialisation des sols, avec son corollaire leur imperméabilisation, doit cesser séance tenante. Le foncier ne peut se résumer à un vulgaire objet de spéculation. La question du logement, qui ne saurait être négligée, doit trouver une solution dans la densification maîtrisée de l’habitat, et non par un étalement urbain aux multiples effets néfastes.

Il est donc indispensable d’intégrer la question de l’eau dans les Pyrénées-Orientales dans une vision systémique, en y incluant les enjeux liés à l’agriculture, au tourisme, à l’environnement et aux modes de vie quotidiens. Ainsi, comment parler sérieusement de tourisme si la préservation des terres agricoles, la valorisation des circuits courts et le maintien d’une agriculture paysanne écologique ne sont pas des préoccupations premières ? Comment parler sérieusement d’agriculture si des stratégies de lutte contre la pollution et la bétonisation, des objectifs favorisant résolument la relocalisation des productions et des activités, des dispositifs de protection des espaces naturels, des mesures pour surmonter les contraintes liées au réchauffement climatique ne sont pas pris en compte ? 

Cette vision systémique porte un nom : écosocialisme. Elle demande des ruptures, des bifurcations, des reconversions. Et surtout du courage… Et plus encore des décisions…

Francis DASPE, animateur de groupe d’action La France Insoumise / NUPES

 

 

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