France - Toujours plus d'animaux et de souffrances : les nouveaux chiffres de l'expérimentation animale
Par Muriel Arnal, présidente fondatrice de One Voice, le 15 Février 2023
Février 2023 : les nouveaux chiffres de l’expérimentation animale sont parus. Toujours plus d’animaux et de souffrances.
Chaque année, les chiffres de l’expérimentation animale tardent à se faire connaitre. Ce 14 février 2023, les données de l’année 2021 viennent d’être publiées par le ministère de la Recherche et seront bientôt consultables sur les graphiques interactifs du site web spécialisé de One Voice. Sans grande surprise, le nombre d’utilisations d’animaux ne diminue pas alors que les expériences impliquent de plus en plus de souffrances.
Cette année encore, l’enquête statistique est arrivée plus d’un an après la fin de l’année concernée. Ce genre de retard serait facilement excusable s’il n’était pas si fréquent : l’absence de mise à jour du vade mecum des inspections des laboratoires par le ministère de l’Agriculture malgré nos demandes, et l’absence de suites données à des problèmes graves et répétés, on est en droit de se demander si tout cela est bien pris au sérieux.
Un nombre d’animaux qui ne diminue pas
Depuis le milieu des années 2000, les chiffres de l’expérimentation animale restent à près de deux millions d’utilisations par an*, encore et toujours scandaleusement hauts. Après une baisse trompeuse en 2020 du fait des confinements, on revient en 2021 au nombre habituel : 1,9 million sur l’année.
Les buts des recherches n’ont pas changé : 90 % d’entre elles sont réparties entre la recherche fondamentale ou appliquée, les tests réglementaires de toxicité et la production de sang, d’anticorps et d’autres substances corporelles.
Toujours plus de souffrances
Pire : la douleur des animaux ne cesse d’augmenter. Les expériences classées « légères » sont en diminution depuis 2015, alors que les expériences « modérées » sont de plus en plus nombreuses**. C’est particulièrement vrai pour les lapins, dont le nombre total et les souffrances sont surpassés chaque année.
Et avec 14 % d’expériences dites « sévères », la France reste championne en ce domaine, qui implique une angoisse et/ou des douleurs importantes et durables. Cela concerne notamment les poissons-zèbres, dont le nombre a été multiplié par six depuis 2015, et dont un quart des utilisations en 2021 sont des procédures de cette magnitude.
Encore des chats, des chiens, des primates…
Comme les années précédentes, plus de 1000 utilisations de chats, plus de 4000 utilisations de chiens et plus de 3500 de primates sont recensées en 2021. Seul élément donnant un vague espoir : le nombre de chiens élevés sélectivement pour être myopathes diminue encore en 2021, pour atteindre quinze individus.
Quant aux primates, presque tous sont des macaques à longue queue, représentants d’une espèce en danger d’extinction pour lesquels nous nous battons au niveau international également. Plus de 600 sont des macaques « F1 », ce qui veut dire que leurs parents ont été capturés dans la nature…
À quand les chiffres de 2022 ?
L’analyse de la base de données européenne ALURES révèle que l’utilisation de plus de quatre millions d’animaux a été autorisée en 2022 en France – plus du double des années précédentes ! Même si cela s’explique probablement par le fait que les laboratoires surestiment largement le nombre d’animaux utiles à leurs projets pour éviter des complexités administratives, cela suggère surtout une absence totale de volonté de réduire le nombre d’animaux utilisés.
Autre point inquiétant : parmi ces autorisations accordées en 2022, six animaux sur dix devront endurer des expériences « modérées », et près de deux sur dix des procédures « sévères ». Des proportions encore plus élevées que celles de l’année 2021.
Qu’est-ce qu’une expérience modérée ? C’est par exemple le fait d’implanter des électrodes dans le crâne de macaques avant de leur imposer de rester plusieurs heures par jour pendant des mois dans des chaises de contention pour mesurer ce qui se passe dans leur cerveau. Et sévère ? Ce peut être l’infection de cochons avec des virus qui leur infligent des maladies pulmonaires graves, pour produire des vaccins dans le but de conserver la rentabilité des élevages face aux grippes porcines et autres affections qui génèrent des pertes économiques.
Nous demandons au minimum l'exemplarité des autorités sur le respect des textes en vigueur – notamment une transparence réelle de ce qui se passe dans les laboratoires de notre pays – et l'élaboration d'un vrai programme de sortie de l'expérimentation animale en France et en Europe, parallèlement à un vrai financement du développement des méthodes de recherche sans animaux. Il est urgent de respecter la directive européenne.
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