Littéraires - L'humilité ni vue ni connue par FRANÇOISE LE CORRE

L'humilité ni vue ni connue par FRANÇOISE LE CORRE

L'humilité ni vue ni connue par FRANÇOISE LE CORRE

Par LIBRE-LIVRE Rubrique SHOPPING, le 26 Novembre 2021

La vertu d’humilité est l’in-montrable par excellence, l’insaisissable que nul ne peut désigner sans immédiatement fausser son erre, sans défaire cette innocence légère et transparente à laquelle elle a part.

L’humilité est tendance. La voici devenue élément de langage parmi d’autres, tels qu’ils sont choisis, codifiés, recommandés par des communicateurs avertis. D’humilité, vous entendez parler tous les jours : les puissants s’en délectent, elle est une autorisation de visibilité, un droit de parole, l’adoucissant de la notoriété et un gage de confiance mutuelle. Comme si elle était de nature à « faire passer la pilule ». Elle sert dans les négociations difficiles, utile aux directions qui se heurtent aux oppositions syndicales, elle précède les concertations sociales ; elle accompagne les luttes politique et les campagnes électorales, brandies par les plus fanfarons et les plus fiers candidats, décidés à tout pour être élus. Qui se hausse pour que sa tête dépasse ne manquera pas le marchepied de l’humilité. On pourrait multiplier les exemples. Mais personne n’est dupe, et l’on est accablé de voir la diaphane humilité enrôlée au service des cyniques ; le rire qui accueille ces propos est désabusé. C’est le rire triste de la désillusion. Ce peut devenir et cela devient, de fait, une colère juste.

Le mot d’humilité est usé et trompeur. Dévalorisé, annexé par la langue de bois. Il est vrai que la langue de bois est comme une deuxième nature pour ceux qui, à tout bout de champ, hissent comme une bannière la pudique et discrète humilité.

Mais alors, comment la trouver sans l’aide des mots, sans l’appui des images ? Que chacun essaie de tendre l’oreille : sous les rumeurs de sa vie, pleine peut-être, trop pleine souvent, qu’il retrouve le murmure de sa mémoire. Qu’à la source de son expérience personnelle, il écoute encore... Peut-être (sans doute !) dans le bruissement des souvenirs, dans la dureté du présent, en entendra-t-il quelque écho.

Auteure:

Françoise Le Corre, philosophe de formation, a dirigé la revue Responsables du MCC, puis fut rédactrice en chef adjointe de la revue Études, tout en collaborant à la revue Christus. Codirectrice de la collection « Au singulier » elle a publié chez Bayard : Le centre de gravité : méditations sur la foi et la culture contemporaine (2004) et Les jardins oubliés de l’obéissance (2010).

Editeur : Lessius

Nombre de pages : 100 pages

Prix : 10,00 euros

 

L'humilité ni vue ni connue par FRANÇOISE LE CORRE

 

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