Rodez - AVEYRON - RODEZ -  CORBUSIER S’INSTALLE AU MUSEE SOULAGES du 27 janvier au 20 mai 2018

Rodez - AVEYRON - RODEZ -  CORBUSIER S’INSTALLE AU MUSEE SOULAGES  du 27 janvier au 20 mai 2018

Rodez - AVEYRON - RODEZ -  CORBUSIER S’INSTALLE AU MUSEE SOULAGES du 27 janvier au 20 mai 2018

Par OCCITANIE TRIBUNE, le 03 Janvier 2018

 CORBUSIER S’INSTALLE AU MUSEE SOULAGES

«Le Corbusier - l’atelier de la recherche patiente, un métier»
 

Après une exposition d’été consacrée à Alexander Calder, le musée Soulages propose pour l’hiver et le printemps 2018 une grande exposition dédiée à Le Corbusier. Deux grandes gures de l’avant-garde et plus largement du vingtième siècle se succèdent donc dans nos murs.

Cette exposition s’ouvre quelques mois après la remise du prestigieux prix Pritzker aux architectes du musée : RCR Arquitectes.

Aussi, il nous apparaissait évident de souligner le lien architecture / peinture
qui compose aujourd’hui une partie de l’identité du musée, en programmant une exposition qui mette à l’honneur une gure incontournable de l’architecture du vingtième siècle, tout en proposant un projet qui
– même s’il n’est nullement question de confronter Soulages et Le Corbusier - puisse trouver son équilibre dans la proximité avec les collections permanentes, ainsi qu’au sein du vaste vaisseau d’acier Corten qui va l’accueillir.

Lors de la donation de ses œuvres à Rodez agglomération en 2005, Pierre Soulages a exprimé
sa volonté que ce musée soit conçu comme un laboratoire.
Dans cet esprit, le visiteur pénètre aujourd’hui au l de son parcours différents espaces consacrés à des techniques variées : brous de noix, eau-forte, lithographie, sérigraphie, encre sur papier, huile sur toile, acrylique sur toile, travail du verre... Autant de techniques qui constituent les multiples facettes d’une quête en réalité unique et patiente autour de la lumière. Lorsque l’on fréquente les salles du musée, il apparaît rapidement que l’œuvre de Pierre Soulages ne peut s’entendre de manière séquencée – c’est-à-dire à partir d’une lecture chronologique, par techniques ou par formats – mais qu’elle acquiert au contraire sa force dans la somme des territoires plastiques et des expérimentations qu’elle convoque à l’échelle d’une vie.

« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche » dit le peintre. Son œuvre entier est fait de recherches, d’essais, d’expérimentations dont le travail de recherche pour Conques durant dix ans constitue certainement le paroxysme.

Le Corbusier s’est également imposé très vite comme un chercheur. Architecte, peintre, sculpteur, urbaniste, théoricien... il est l’auteur d’une pensée proli que, nourrie d’expériences multiples à partir de différents mediums. Son œuvre s’entend, elle aussi, comme un tout ; un tout parfois même collectif et collaboratif – la fameuse synthèse des arts, dont on a beaucoup parlé. Peintures, architectures, sculptures, dessins, tapisseries entrent en correspondance et se répondent pour former un ensemble empreint de liberté et d’unité. La personnalité et l’œuvre de Le Corbusier ont marqué son siècle, mais également plusieurs générations de collaborateurs qui ont ensuite essaimé ses théories à travers le monde.

Proposée en étroite collaboration avec la Fondation Le Corbusier à Paris, l’exposition est une création spéci que pour le musée Soulages. Celle-ci s’articule autour de l’ouvrage testamentaire de Le Corbusier, intitulé L’Atelier de la Recherche Patiente. Publiée en 1960, préfacée par Maurice Jardot, cette publication peut être considérée comme à part dans la production littéraire et théorique pourtant vaste de Le Corbusier (près d’une cinquantaine d’ouvrages). Ni vraiment autobiographique, ni totalement exhaustif, cet ouvrage propose un regard rétrospectif sur l’ensemble de l’œuvre, par Le Corbusier lui-même. Histoire personnelle, voyages, conférences, ouvrages, peinture, sculpture, projets d’habitations, projets urbanistiques, architecture sacrée mais également projets non réalisés sont assemblés de manière chronologique dans une première partie, puis plus thématique dans une seconde, mais toujours de manière très personnelle, selon les principes du Modulor (système de mesure à l’échelle de l’être humain, inventé par Le Corbusier). Une sorte de fresque heuristique qui constitue, à elle seule, une œuvre à part entière.

L’exposition ne se veut ni une illustration littérale de L’Atelier de la recherche patiente, ni une présentation exhaustive des éléments convoqués au l des pages. Il s’agira plutôt d’un point de départ pour embrasser l’œuvre. Ouvrages, projets, maquettes, peintures, sculptures... seront exposés au sein d’un parcours thématique, scénographié par Jacques Sbriglio, à même d’éclairer à la fois la pensée et le parcours de leur auteur, mais aussi son engagement pour son siècle, tout en présentant la diversité de son parcours architectural et plastique.

Les Commissaires d’exPosition

Aurore Méchain est attachée de conservation du patrimoine, directrice adjointe des musées de rodez agglomération. spécialiste d’art moderne et contemporain, elle a travaillé au musée rodin et au centre pompidou avant d’intégrer en 2012 l’équipe du musée soulages pour participer à l’ouverture de celui-ci.

Jacques Sbriglio est architecte- urbaniste. il dirige l’agence d’architecture sbriglio.architectes installée au cœur de la métropole aix-marseille qui intervient dans le cadre de l’urbanisme, de l’architecture et de la scénographie. jacques sbriglio est un des spécialistes français de l’œuvre de le corbusier. il a à ce titre publié plusieurs ouvrages et articles et réalisé de nombreuses expositions en france et à l’international. il est aussi scénographe pour cette exposition.

L’atelier comme synthèse

Lorsque L’Atelier de la recherche patiente paraît en 1960, Le Corbusier est âgé de soixante- treize ans ; il n’a plus que cinq ans à vivre. Il l’a pensé et l’a réalisé comme le bilan de soixante ans de création et entièrement maîtrisé : conception, rédaction, iconographie, mise en pages.

Architecte célébré dans le monde entier, il déplore néanmoins qu’une part de son œuvre reste méconnue : celle du peintre. Le livre devra donc révéler au grand public cette facette déterminante de son art : « Je pense que si l’on accorde quelque signi cation à mon œuvre d’architecte, c’est à ce labeur secret qu’il faut en attribuer la valeur profonde.1 »

Cette sentence, qu’il se plaisait à répéter pour caractériser l’ensemble de son œuvre, témoigne de sa quête permanente d’une « synthèse des arts majeurs, sculpture-peinture-architecture2 ». L’expression renvoie à un idéal de collaboration sur une même œuvre entre plusieurs artistes issus de différentes disciplines et à l’ensemble des ré exions, ravivées durant les années 1950, sur les collaborations interdisciplinaires à l’intérieur d’une même création3 .

Fait rare à l’époque, le livre paraît simultanément en quatre langues4 . L’édition française a pour titre une expression forgée par Le Corbusier qui est à elle seule tout un programme, voire un concept créatif : L’Atelier de la recherche patiente.Au sens littéral, le mot « atelier » désigne ici deux espaces parisiens : le lieu du travail architectural collectif du 35 rue de Sèvres (on dirait aujourd’hui l’agence) et la retraite privée de l’artiste dans son appartement du 24 rue Nungesser-et-Coli (on parle de l’« atelier » du peintre). D’un point de vue métaphorique,
il désigne également l’espace humain où se joue l’œuvre : l’esprit et la main de l’artiste.

Une autobiographie par le texte et l’image

L’ouvrage combine des textes et des reproductions des produits des différentes activités pratiquées par Le Corbusier. Comme en écho à cette disparité, il se présente comme un collage complexe d’éléments divers – soit pages entières de livres antérieurs reprises telles quelles, soit illustrations (déjà reproduites ailleurs ou inédites), soit textes nouveaux composés spécialement, soit fragments de textes anciens (repris dans leur composition originale ou remis en page). Il n’en constitue pas moins une entité résolument nouvelle mêlant étroitement textes et images. La prégnance du visuel sur l’écrit est renforcée par le fait que, comme dans presque tous ses livres, Le Corbusier a assuré la mise en pages, en ayant recours au Modulor. Une tâche qu’il prit fort à cœur, à en juger par les dizaines de courriers échangés avec son éditeur, la pléthore de notes, aide- mémoires et croquis ainsi que les maquettes successives qui ont été conservées.

En dehors d’une préface de son ami le critique d’art Maurice Jardot, l’ensemble des textes est rédigé par Le Corbusier, qui s’y désigne souvent à la troisième personne, soit par l’acronyme
de son pseudonyme, « L-C », qui suggère une certaine familiarité avec le lecteur : seuls les proches seront accueillis dans « le grand livre L-C 5 ».

Parce qu’il a l’intention, sur un mode à la fois théorique et autobiographique, de rendre à la peinture sa place de laboratoire plastique pour l’architecture de Le Corbusier, le livre lui-même devient une sorte d’œuvre d’art totale dans laquelle l’écrivain, le dessinateur, le graphiste de l’ouvrage ne font qu’un avec celui qui en est le sujet : l’architecte, le peintre, le sculpteur. La synthèse des arts se trouve ainsi comme incarnée en un seul créateur omnipotent.

A n de se démarquer clairement des volumes de son Œuvre complète, qui présentent depuis 1930 ses projets et réalisations de manière classique dans un album à l’italienne, plans et coupes à l’appui 6, l’Atelier adopte quant à lui la forme de ce que les professionnels de l’édition appellent un « beau livre » : une sorte d’œuvre ouverte, ouverte aux surprises que chaque page réserve au lecteur ; celui-ci est convié à feuilleter, à s’arrêter ici ou là, à aller plus loin, à revenir en arrière. C’est une invitation à la ânerie, et malgré les repérages chronologiques ou thématiques, il est parfois dif cile de se repérer.

 

 

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