
MARSEILLAN - VIDEO - Les diables des mers échoués sur nos côtes et dans l'étang de Thau secourus par nos anges gardiens !
Par Didier DENESTEBE pour LE PETIT MARSEILLANAIS et OCCITANIE TRIBUNE , le 11 Juin 2025
Les diables des mers échoués sur nos côtes et dans l'étang de Thau secourus par nos anges gardiens !
Plage du Castellas (Entre Sète et Marseillan) Ce jeudi après-midi, sous un soleil déjà estival, les sapeurs-pompiers du SDIS 34 ont livré un combat contre la montre aussi insolite qu'urgent. Leur mission : sauver des "démons". Non pas des flammes, mais des créatures majestueuses venues des profondeurs, échouées sur le sable. À Mèze et sur la plage du Castellas, des raies Mobula mobular, les mythiques "Démons de Méditerranée", semblaient devenues vulnérables à la merci des filets et des parcs ostréicoles. Dans un geste d'une délicatesse surprenante pour des mains habituées aux lances à incendie, les équipes spécialisées ont pu reconduire précieusement ces géantes ailées au large de Marseillan. Une libération symbolique, à une distance raisonnable de 2 milles nautiques pour redonner sa chance à une espèce au bord du gouffre.
Cette intervention n'est malheureusement pas un cas isolé, mais le point d'orgue d'une série inquiétante qui secoue le littoral héraultais depuis quatre jours. Comme si la Méditerranée expulsait ses joyaux les plus précieux.
La nuit de vendredi à samedi dernier restera dans les mémoires des pompiers de Vias. Dans l'obscurité, à la lueur des projecteurs, ils ont lutté pendant de longues heures pour sauver une mère raie et son petit, échoués sur le sable. La majestueuse adulte, déployant près de deux mètres d'envergure, et sa progéniture d'un mètre, ont pu regagner leur élément après une mobilisation nocturne épuisante.
À Agde, quelques jours plus tôt, le scénario s'était déjà répété : deux de ces raies volantes, observées plus tôt par des baigneurs étonnés de les voir évoluer si près du rivage dans des eaux peu profondes, avaient fini par s'échouer, nécessitant l'intervention rapide des pompiers locaux.
Mais c'est peut-être dans les eaux calmes et plus chaudes de l'étang de Thau que le phénomène est le plus surprenant. Ces derniers jours, les signalements se sont multipliés. Ostréiculteurs penchés sur leurs parcs, pêcheurs réparant leurs filets, promeneurs du dimanche : nombreux sont ceux qui ont aperçu les ombres élégantes et les "ailes" caractéristiques des Mobula mobular ondulant entre les herbiers. Des vidéos, rapidement devenues virales sur les réseaux sociaux, témoignent de ces apparitions inhabituelles dans ce bassin fermé. Pourquoi ces géantes des mers ouvertes s'aventurent-elles ainsi dans l'étang ? La question taraude les spécialistes, évoquant désorientation, quête de nourriture perturbée ou fuite devant des pressions en mer ouverte.
Derrière ces apparitions fascinantes et ces sauvetages héroïques se cache une réalité plus sombre : le déclin vertigineux du Diable de Méditerranée. Mobula mobular, l'emblème même de notre mer, est classée "En danger" par l'UICN. Sa population aurait chuté de plus de 50% en seulement six décennies. Si l'espèce n'est pas directement pêchée, elle paie un lourd tribut aux activités humaines : captures accidentelles massives dans les filets de pêche (le fameux "bycatch" qui décime aussi dauphins et tortues), pollution omniprésente (plastiques, produits chimiques) et trafic maritime intense qui fracture son habitat et perturbe ses déplacements. Chaque échouage, chaque individu aperçu dans des eaux incongrues, pourrait être le signe d'une population en détresse, cherchant refuge ou luttant pour survivre dans un environnement dégradé.
Face à cette urgence écologique silencieuse, les sapeurs-pompiers de l'Hérault se sont mués en gardiens inattendus de la biodiversité méditerranéenne. Leur engagement, de Vias à Mèze, en passant par Agde et le Castellas, force l'admiration. Rapidité d'intervention, protocole de soins adapté (réhydratation, protection contre l'insolation, manipulation délicate pour éviter un stress fatal), coordination entre centres : leur professionnalisme fait la différence entre la vie et la mort pour ces animaux vulnérables.
Ce jeudi après-midi, alors que les deux dernières raies secourues disparaissaient dans les profondeurs au large de Marseillan, c'est un petit coin de notre patrimoine naturel commun qui était préservé, grâce à leur action décisive.
Si les pompiers sont les premiers répondants de cette crise écologique, la sauvegarde durable du Diable de Méditerranée implique une prise de conscience collective. Chaque citoyen peut contribuer : en signalant immédiatement tout échouage au 18 ou 112 (sans toucher l'animal), en réduisant son empreinte plastique, en soutenant une pêche durable et les associations de protection marine.
Les apparitions dans l'étang de Thau et les échouages répétés sur nos plages sont un signal d'alarme. Ils nous rappellent la fragilité de l'équilibre marin et l'urgence d'agir, avant que le vol silencieux du Diable de Méditerranée ne disparaisse à jamais de nos eaux.
Vidéo : SDIS HERAULT - Photos : Aire Marine Protégée de la Côte Agathoise

A LIRE AUSSI


MARSEILLAN - 13 et 14 Juillet 2025 - Marseillan en fête. : Début des festivités !

MARSEILLAN - Ostréaria 2025 : Un hommage contemporain à l'ostréiculture inauguré à Marseillan
