Toulouse - Disparition de Fontaine : Just… une Légende

Toulouse - Disparition de Fontaine : Just… une Légende

Toulouse - Disparition de Fontaine : Just… une Légende

Par Pierre Nabonne pour OCCITANIE tribune, le 07 Mars 2023

Disparition de Fontaine : Just… une Légende

La triste nouvelle de son décès a été connue mercredi dernier, au matin du 1er mars. Il restera pour tous ceux qui aiment le Football le buteur qui aura marqué 13 buts lors de la Coupe du monde 1958, un record qui tient toujours et qui restera probablement imbattable.

L’équipe de France alors entraînée par Albert Batteux était pourtant partie en Suède sans grandes certitudes. Le Maestro Raymond Kopa (qui venait de remporter la Coupe d’Europe des clubs champions avec le Real Madrid)  l’avouera plus tard  au Figaro : « Nous étions plutôt partis comme des touristes ; certains avaient même apporté leur canne à pêche… ». Mais dès le premier match de la phase de poules, les Bleus infligent une raclée au Paraguay, 7 buts à 3 dont un triplé de Fontaine qui, à 25 ans, joue alors au Stade de Reims mais doit aussi sa titularisation à une blessure de l’un de ses partenaires. L’ancienne Yougoslavie s’impose ensuite en fin de match malgré un doublé de Justo. Pas grave puisque deux buts de Fontaine et Kopa contre l’Ecosse propulsent les nôtres en quarts de finale.

A la stupéfaction générale l’Irlande est alors humiliée, 4-0 dont deux nouveaux buts de l’avant-centre, de la tête puis du gauche. Pour sa toute première fois, l’équipe de France vierge de tout palmarès se retrouve en demi-finale d’une Coupe du monde !

A ce niveau de la compétition face au Brésil le 24 juin, la marche se révèlera toutefois trop haute pour les nôtres.

Lourdement handicapés par la fracture du péroné de leur capitaine Robert Jonquet, ils s’inclinent par 5 buts à 2 avec un triplé d’un jeune débutant de 17 ans du nom de Pelé mis sur orbite par un dribbleur irrésistible, Garrincha, contre un but de Fontaine et un autre de Piantoni. Les Sud-Américains brandiront leur première Coupe du monde cinq jours plus tard, après avoir triomphé des Suédois sur le même score. Mais les Français monteront tout aussi fièrement sur le podium après avoir atomisé l’Allemagne de l’Ouest pour la troisième place, 6-3 avec un quadruplé de Just Fontaine pour en arriver à ce mythique record de treize buts…qui auraient même pu être hissé jusqu’à quatorze si Kopa lui avait laissé tirer le penalty aggravant le score, sans y voir la moindre rivalité entre les deux vedettes de l’équipe de France qui partageaient d’ailleurs la même chambre durant leur séjour en Suède.

Si les Bleus seront accueillis avec tous les honneurs dus à leur rang à leur retour au pays, la suite de la carrière de Justo sera plus difficile…Finaliste malheureux avec Reims de la Coupe des clubs champions en 1959 (défaite 0-2 contre le Real Madrid de Di Stefano, Gento et Kopa) puis meilleur buteur du championnat de France 1960, il est victime d’une vilaine blessure à  Sochaux « J'avais 26 ans et demi quand Touré m'a cassé le tibia et le péroné.

Après, il est venu me voir, à l'hôpital, chez moi... Il a posé sa tête entre mes bras et il a fallu... que je lui remonte le moral ! Il est par la suite devenu le parrain de mon fils. » Il  reprend la compétition après une longue convalescence, mais sa jambe cède à nouveau à Limoges. Et, malgré tous les efforts fournis pour retrouver son niveau, il se résoudra à annoncer sa fin de carrière en 1962, une petite mort pour chaque sportif mais plus encore en n’ayant pas encore 28 ans…

Les circonstances familiales ont voulu que Just Fontaine naisse le 18 août 1933 à Marrakech. Le Maroc était alors sous Protectorat français, et son père fonctionnaire à la Régie des tabacs locale. Jouant à Casablanca où il décroche aussi son Baccalauréat, il est vite repéré par les recruteurs de l’O.G.C.Nice qu’il rejoint avant le début de saison 1953-54 qu’il terminera en soulevant la Coupe de France, avant d’être sacré champion de France deux ans plus tard avec le club de la Côte d’Azur. Il signe alors au Stade de Reims, où il prendra une part très active dans la conquête de trois nouveaux titres de champion en 1958, 1960 et 1962, ainsi que dans celle de la Coupe de France 1958 (victoire 3-1 sur Nîmes Olympique, avec un but de l’incontournable Justo).  Les blessures ont, hélas, stoppé beaucoup trop prématurément son décompte personnel à 164 buts marqués en 200 matches de Première Division, et à 30 réalisations en 21 sélections sous le maillot de l’équipe nationale entre 1953 et 1960.

A titre personnel, il fera la connaissance de celle qui deviendra sa femme lors d’un match disputé à Toulouse, et le couple viendra plus tard s’installer dans la Ville rose pour y vivre des jours heureux. Bien que claudiquant légèrement, il apportera encore épisodiquement à la fin des années soixante son précieux concours à l’équipe de la localité de Noé qui instrumente alors en Promotion, à une trentaine de kilomètres de la capitale de Midi-Pyrénées, avant d’aller festoyer Chez Alex, le rendez-vous obligé de tous les sportifs du coin. Entre-temps, Just Fontaine sera sorti major de sa promotion d’entraîneurs avant d’être nommé à la présidence de l’Union nationale des footballeurs professionnels, avant que Michel Hidalgo ne prenne le relais en 1964.

Directeur technique du tout jeune Paris Saint-Germain né en 1970, il participe en tant que coach à l’accession du club en 1° Division à la fin de saison 1973-74, ce qui lui vaut une alerte cardiaque sans conséquences dommageables à l’issue d’un match de barrages assez épique contre Valenciennes. Consultant télé pour prêter main forte à Pierre Cangioni et à Michel Drucker pour la Coupe du monde 1978, il célèbre le premier sacre de l’Argentine de Mario Kempes, Alberto Tarantini (futur Toulousain, avec Beto Marcico idole du Stadium) et autres Daniel Passarella ou Osvaldo Ardiles, entraînés par César Luis Menotti en pleine dictature militaire. Pour Maradona il faudra attendre 1986, et 2022 pour Messi…

Le retour sur les berges de la Garonne s’avèrera plus pacifique, et Justo pourra s’y consacrer à la gestion de ses magasins d’articles de sport …et à des parties de baby-foot acharnées avec l’ami Alain Giresse.

Chaleureux, jovial, malicieux rempli d’empathie, il avait confié à La Dépêche du Midi  l’anecdote dont il est à l’origine, ainsi relatée par le quotidien régional : « - Il s'appelle juste Leblanc ! - Ah bon; il n’a pas de prénom ? ", une réplique devenue culte dans le "Dîner de Cons"… Le célèbre footballeur expliquera, amusé: « Elle remonte au temps de mon arrivée au Stade de Reims, en 1956. C'est le neveu de l’entraîneur Albert Batteux en rentrant chez lui qui raconte à ses parents : " Vous savez, il y a un nouveau joueur au club, un attaquant, qui n'a pas de prénom. Il s'appelle... juste Fontaine, c'est tout !". Et il rappellera encore: « Cette anecdote, je l'ai relatée par la suite à Pierre Mondy qui s'en est servi dans sa pièce de théâtre, "Le Dîner de cons" avec tout le succès qu'on lui connaît ». Lequel ne se démentira pas davantage dans la version-cinéma réalisée en 1998 par Francis Veber, que l’on revoit toujours avec plaisir.

Décidément les idoles sont immortelles, et Justo Fontaine restera pour toujours en bonne et due place dans notre Panthéon du Sport.

 

 

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