Béziers - Cérémonie pour les victimes de la Déportation : Discours du maire de Béziers.

Béziers - Cérémonie pour les victimes de la Déportation : Discours du maire de Béziers.

Béziers - Cérémonie pour les victimes de la Déportation : Discours du maire de Béziers.

Par Ville de Béziers, le 23 Avril 2022

Cérémonie pour les victimes de la Déportation. Jeudi 21 avril 2022 : Discours du maire de Béziers, Robert Ménard.

 


Mesdames, messieurs,

Il y a 77 ans, le monde découvrait, horrifié, sidéré, abasourdi, l’existence des camps de concentration, des camps d’extermination nazis.

Ce que les soldats puis les journalistes voyaient sous leurs yeux dépassait l’entendement. Un monde de cauchemar. Des morts-vivants, des êtres faméliques aux yeux exorbités, des monceaux de corps, d’angoissantes pyramides de chaussures, d’oppressantes montagnes de cheveux. Un paysage presque immobile, presque impossible.

Comment un régime politique avait-il pu commettre de tels crimes ? Comment une grande nation comme l’Allemagne, berceau des sciences et de la culture, patrie des philosophes et des poètes, a-t-elle pu s’abaisser à ces actes monstrueux ?

La réponse est politique. En Allemagne, comme dans d’autres pays d’Europe, pendant des années, les démocraties ont peu à peu baissé la garde. Elles ont cédé sur leurs valeurs, laissé prospérer des discours abominables, des mouvements barbares.

Beaucoup ont fermé les yeux par intérêt, par indifférence, par paresse aussi. Quand les gens honnêtes se sont réveillés, il était trop tard. Le résultat était là, à Dachau, à Auschwitz, à Treblinka et ailleurs. Au bout des grands discours, les cendres.

Une géographie de l’anéantissement surgissait dans l’imaginaire mondial. Notre Europe transpercée de cheminées apocalyptiques, humiliée par des brutes. Notre Europe recouverte d’usines de morts. Des usines de morts où a sombré la brillante civilisation juive d’Europe centrale. Un crime inqualifiable, un crime contre l’âme européenne. Un crime contre la culture que les musiciens, les écrivains, les savants, les philosophes juifs ont façonné, contre la modernité qui a façonné ce que nous fûmes, ce que nous sommes, ce que nous serons.

Un génocide industriel. Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants jetés aux chiens, torturés, brûlés ou gazés. Juifs, tziganes, handicapés, démocrates, résistants antifascistes ont payé le prix fort de nos renoncements successifs.

Aujourd’hui, nous leur rendons hommage. Nous leur adressons nos pensées, nos prières. Nous gardons une place dans nos cœurs pour ces couples séparés à l’arrivée des convois, pour ces enfants arrachés au sein de leur mère. Nous entendons au fond de nous les cris qui ont déchiré l’espace et le temps.

En 2022, les derniers témoins de cet enfer ont quasiment disparu. Aussi devons-nous redoubler de vigilance. Face aux monstres qui ont rendu la déportation possible, il faut veiller. Les héritiers des nazis sont encore parmi nous. Ils se vautrent dans le mensonge, dans le négationnisme, dans le complotisme. Ils osent faire revivre les vieilles rumeurs infâmes, ils osent rallumer l’antisémitisme, ils osent écrire leurs mots atroces sur une Toile devenue maléfique.

L’actualité résonne de ces crimes. En Chine ou en Corée du Nord, les camps se portent bien. À l’Est de l’Europe, au moment même où je vous parle, des villes sont bombardées, des femmes et des enfants sont assassinés, violés par la soldatesque. Tout semble recommencer. Avec toujours les mêmes responsables. Les mêmes fanatiques qui réinventent l’Histoire, qui nient les peuples. Avant de tenter de les effacer par tous les moyens.

Les victimes de la déportation nazie nous obligent à garder les yeux ouverts et l’esprit clair. Il ne sert à rien de commémorer si on tolère à nouveau l’impensable. Si l’on n’y prend garde, l’avenir peut s’écrire en barbelés.

 

 

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