Hérault - Pourquoi les dosages des vaccins sont différents chez les enfants et les adultes

Hérault - Pourquoi les dosages des vaccins sont différents chez les enfants et les adultes

Hérault - Pourquoi les dosages des vaccins sont différents chez les enfants et les adultes

Par Brian Peppers, West Virginia University, le 25 Novembre 2021

À la naissance, notre espèce est particulièrement vulnérable et le développement entamé dans le ventre maternel se poursuit lors de nos premières années de vie. À tous les niveaux. Tout comme nous devons apprendre à marcher, notre système immunitaire doit, lui, apprendre à se défendre contre les infections. Au fil du temps, il va ainsi passer par différents stades de maturation, de la même manière que nous passons du « quatre pattes » à la station debout puis de la marche et à la course.

Ce processus de maturation est l’une des raisons pour lesquelles les scientifiques étudient la réponse immunitaire à un vaccin dans différents groupes d’âge et pourquoi, par exemple, les vaccins Covid-19 doivent être testés séparément chez les enfants de 5 à 11 ans et chez ceux de 12 à 16 ans. Les médecins veulent utiliser la dose de vaccin qui offre la meilleure protection avec le moins d’effets secondaires possible. Et cela va dépendre du fonctionnement du système immunitaire – qui découle lui-même de son niveau de développement. Autant de points qui ne peuvent pas vraiment être évalués de l’extérieur.

Je suis immunologiste, et voici comment j’explique à mes patients, enfants et adultes, comment, chacun à leur façon, ils vont réagir aux vaccins.

Les deux visages de notre système immunitaire

Le processus de maturation immunitaire commence peu après la naissance.

Pendant nos premiers jours, notre principale protection provient des anticorps transmis par notre mère par le biais du placenta et du lait maternel. Ils fournissent ce que l’on appelle l’« immunité passive ». Le système immunitaire adaptatif du nouveau-né (ou immunité acquise) – la partie du système immunitaire qui fabriquera les anticorps – n’est pas encore véritablement opérationnel : s’il est bien déjà actif, il lui faudra parfois des années pour atteindre sa maturité et devenir pleinement efficace.

Un bébé nouveau-né tête sa mère
Juste après la naissance, les défenses immunitaires de l’enfant dépendent en grande partie des anticorps reçus de sa mère via le placenta et l’allaitement. Jonathan Borba/Pexels, CC BY

Heureusement, nous naissons également avec ce que l’on appelle un système immunitaire inné, qui reste actif tout au long de notre vie. Contrairement au système immunitaire adaptatif, lui n’a pas besoin de passer par un apprentissage pour être capable de combattre les infections. Sans ses bons offices, les gens tomberaient malades beaucoup plus vite et plus souvent.

Peau et muqueuses font partie des premières lignes de défense de ce système immunitaire inné. Et si des germes réussissent à franchir ses barrières physiques, il dispose d’enzymes prêtes au combat – à s’attaquer et décomposer, littéralement, les organismes étrangers. En outre, certaines cellules spécialisées recherchent tout ce qui n’est pas « nous » afin de le détruire, tandis que d’autres, appelées « phagocytes », avalent les envahisseurs identifiés comme tels.

Le système immunitaire inné est donc le premier à répondre quand la sécurité de notre corps est engagée. Il nous fait gagner un peu de temps. Ensuite, notre système immunitaire adaptatif entre en jeu et se joint à la lutte.

Lorsqu’il est mature, notre système adaptatif peut générer une immunité en produisant activement des anticorps adaptés suite à une infection ou une vaccination. Les anticorps sont des protéines qui agissent comme des ventouses qui se collent aux virus ou aux bactéries pour aider l’organisme à les identifier afin de s’en débarrasser plus rapidement et ainsi empêcher l’infection de se propager. Les anticorps sont spécialisés : chacun reconnaît et élimine un germe précis.

Ce système est dit adaptatif, car il s’ajuste à chaque nouvelle infection et apprend d’elle pour y répondre spécifiquement. Ce travail de reconnaissance n’est pas perdu, car, par la suite, si notre corps est à nouveau exposé à des germes similaires, ce système sera capable de s’en souvenir et pourra réagir vite.

Les vaccins tiennent compte du développement immunitaire

De la même manière qu’un enfant va apprendre à marcher même si vous ne sécurisez pas les escaliers et les piscines pour lui, votre système immunitaire est tout à fait capable d’apprendre à repousser un virus envahissant sans vaccin. Mais, dans certains cas, le risque de blessure est beaucoup plus grand.

Les vaccins fonctionnent en déclenchant la création d’anticorps qui reconnaîtront un germe spécifique et s’efforceront de le combattre d’une manière plus sûre que si l’infection était contractée pour la première fois sans vaccin. L’efficacité d’un vaccin dépend de la quantité d’anticorps que notre corps va produire en réponse à l’injection, de leur efficacité… et de la sécurité du vaccin lui-même. D’où, notamment, un travail de dosage de ce dernier.

Lorsque les chercheurs veulent évaluer la concentration d’un vaccin à adopter pour différents groupes d’âge, ils doivent savoir quelles parties du système immunitaire seront engagées dans la réponse attendue et pourraient ne pas être encore pleinement actives selon l’âge du public considéré. C’est en partie pour cette raison que certains vaccins – comme celui contre le Covid-19sont testés et approuvés selon des calendriers différents pour les adultes, les adolescents, les enfants et les bébés. (En France, l’Académie de médecine vient seulement d’approuver l’extension de la vaccination aux enfants de 5 à 11 ans dans certains cas : comorbidités, proximité de personnes vulnérables, etc. Ndlr)

Pour le vaccin contre le Covid-19 de Pfizer, il a été montré que les enfants âgés de 5 à 11 ans présentaient une réponse immunitaire et une sécurité similaires avec un tiers de la dose utilisée pour les enfants âgés de 12 ans et plus.

Un certain nombre de vaccins destinés aux nourrissons sont administrés en série, c’est-à-dire qu’ils reçoivent le même type de vaccin plusieurs fois en quelques mois. Non parce que le vaccin est inefficace, mais parce que le système immunitaire adaptatif d’un bébé est susceptible d’être oublieux ou de ne pas bien « écouter » à cet âge – de la même manière qu’un bébé vacille lorsqu’il essaie de se tenir debout et de marcher. À chaque exposition, chaque partie du système immunitaire se renforce et s’améliore pour se défendre contre l’infection potentielle.

Enfance et grand âge, quand notre protection naturelle est moindre

Après l’âge de 4 ans, et tout au long de la vie adulte, notre système immunitaire tend à être plus réactif et moins enclin aux oublis. Ce n’est pas une coïncidence si c’est à cette période que les gens sont le plus susceptible de contracter la plupart de leurs allergies.

Lorsqu’ils étudient les vaccins, les scientifiques tendent à déjà s’intéresser à des patients de 18 à 55 ans. Le système immunitaire étant mûr pour ce groupe d’âge, ils peuvent s’appuyer sur ses résultats pour identifier toute réaction indésirable. Les observations faites donnent également aux médecins de premières pistes pour prévoir ce qui pourrait se produire lorsque le vaccin sera administré à d’autres ; cela leur permet également d’être immédiatement attentifs chez des groupes plus jeunes à l’éventuelle survenue des effets secondaires déjà repérés.

Vers l’âge de 55 ans environ, le système immunitaire adaptatif commence à s’affaiblir à nouveau et à perdre la mémoire, rappelant d’une certaine manière ce qui s’observe chez le nourrisson (où à l’inverse il n’a pas encore acquis toute l’expérience nécessaire). Heureusement, les rappels de vaccins peuvent fournir une remise à niveau rapide pour ces patients. (Comme c’est désormais le cas contre le Covid-19 en France. Ndlr)

En fin de compte, les vaccins constituent l’environnement le plus sûr pour l’apprentissage du système immunitaire, et le fait d’adapter les doses aux différents groupes d’âge permet de s’assurer que chaque patient reçoit juste ce qui lui est nécessaire pour faire sonThe Conversation

Brian Peppers, Assistant Professor of Pediatric and Adult Allergy/Immunology, West Virginia University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

 

 

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