Europe - Procès des Poliakov : la France protège-t-elle réellement les animaux sauvages ?


Europe - Procès des Poliakov : la France protège-t-elle réellement les animaux sauvages ?

Par Muriel Arnal, présidente de One Voice  , le 01 Septembre 2021

Le procès des Poliakov avait eu lieu le 12 mai dernier à Blois . La décision vient de tomber. Le couple de dresseurs de Micha, de Bony et Glasha, de Mina la guenon magot, des oiseaux rares et des poneys a été relaxé sur les sévices graves et sur tous les faits antérieurs à 2019. Prescription. Sacha Poliakov écope de 4 mois de sursis simple. Autrement dit : on peut donc maltraiter en paix en France. Et ce, bien qu’un ours soit mort. Nous, One Voice, faisons appel.

La France protège-t-elle réellement les animaux sauvages?

À la lueur des décisions de justice que l’on obtient procès après procès en France sur ce type de dossiers, on s’aperçoit que la justice est plus encline à sanctionner sur des infractions environnementales. Y aurait-il une loi de l’omerta, voire un tabou à sanctionner des détenteurs d’animaux issus de la faune sauvage sur des mauvais traitements ? Car des défauts de soin font l’objet de condamnations quand il s’agit de chiens et de chats... On le voit bien sur l’affaire du lion Eliott au Cirque Amar, ou celle de Jumbo, l’hippopotame détenu par le Cirque de la violente famille Muller. À chaque fois qu’on a des éléments objectifs, probants, les accusés sont in fine inquiétés sur des infractions environnementales seulement.

Pour les animaux détenus par les Poliakov, cette absence de sanction à la hauteur de nos attentes a lieu malgré un décès d’animal qui avait des asticots dans les pattes !

Une méconnaissance coupable

La méconnaissance de ces animaux - on le voit déjà dans les contrôles, les agents ne notant pas de problèmes particuliers dans les rapports d’inspections - se poursuit jusque dans les prétoires. Ceci est extrêmement grave.

Des lois de protection animale qui ne s’appliquent quasiment jamais

Ceci est incompréhensible. Tout se passe comme si les animaux de la faune sauvage étaient corvéables à souhait, à notre merci, et que donc, ils ne souffraient pas. Comme si on pouvait tout leur faire... Et de fait, c’est ce qui se passe. On peut se poser la question de savoir s’il y a une réelle protection de ces animaux dans notre pays. Nous faisons appel de la décision.

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Pour Muriel Arnal, présidente de One Voice :

« Nos enquêteurs ont pris tous les risques pour montrer la réalité des conditions de détention, lesquelles ont amené Madame Borne, alors ministre de l’Écologie, à intervenir immédiatement et nous l’en remercions. Leur courage est bien éloigné de la façon dont les autorités ont fermé les yeux pendant des années. Elles savaient, elles avaient vu : Mina maintenue illégalement pendant six ans dans une cage de 50 cm2 au fond du camion dont les ours ne sortaient que pour aller sur la piste. Déjà en 2005, nous alertions les autorités et le public, images à l’appui, sur ce qu’enduraient les animaux et les infractions à la maigre législation. Aujourd’hui, rien n’a changé pour les animaux détenus illégalement par les dresseurs des cirques. Nous faisons appel de la décision »

Pour notre avocate, Me Arielle Moreau: 
« Pendant plus de douze années les exploitants ont laissé des animaux d’espèces domestiques et non domestiques vivre dans des conditions sources de grandes souffrances. [...] En aucun cas ces animaux n’ont été détenus dans des conditions visant à garantir leur bien-être et leur santé ». 

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Quelques dates clés depuis trois ans

14-16 février 2018 : Micha est exhibé dans un restaurant à Bagnolet. Notre plainte est déposée pour mauvais traitements envers un animal sauvage captif. https://one-voice.fr/fr/blog/micha-ours-de-cirque-exhibe-dans-un-restaurant-pour-la-st-valentin.html

25 juillet 2018 : cette plainte est classée. Nous engageons immédiatement un recours.

Février-avril 2019 : une inspection de février de la DDCSPP et l’ONCFS (autorités vétérinaires) conclut en avril, en plus des nombreuses et graves non-conformités, que Micha ne doit pas être montré au public car il souffre des pattes. 

Août 2019 : enquête de One Voice et premières images de Micha dans l'enclos extérieur. 

Tout début septembre 2019 : images des ours dans les geôles des Poliakov.

6 septembre 2019 : nous déposons plainte pour actes de cruauté et maltraitance par un professionnel avec les centaines d’heures de vidéos.

7 septembre 2019 : un vétérinaire équin autorise Micha à parcourir des centaines de kilomètres pour être exhibé.

8 septembre 2019 : AVES filme Micha en grande détresse lors d’un spectacle à Racquinghem. Le lendemain, nous déposons une autre plainte, cette fois pour cette exhibition de Micha. 

13 septembre 2019 : Élisabeth Borne, sensible à nos images, s’engage à ce que Micha ne soit plus montré en spectacle et qu’il soit soigné. Nous plaidons pour que Bony, Glasha et les autres animaux soient saisis.

14 septembre 2019 : ne voulant ni ne pouvant le faire soigner sous sept jours, Poliakov emmène Micha à La Tanière.

16 septembre 2019 : nous déposons un deuxième complément de plainte avec des expertises basées sur les vidéos. Nous demandons entre autres le retrait définitif de Micha. Par ailleurs, nous portons plainte auprès de l’Ordre des vétérinaires de France contre le vétérinaire équin ayant établi un certificat permettant d’exhiber Micha à Racquinghem. 

19 septembre 2019 : les experts à qui nous avons fait appel pour analyser les vidéos tirent la sonnette d’alarme à propos de l’état des ours et de leurs conditions de détention. Nous recevons des témoignages d’anciens employés attestant de la situation délétère des animaux sur la propriété et de la violence de M. Poliakov et de Mme Bruneau.

5-8 novembre 2019 : nos actions publiques déclenchent des réactions préfectorales... Nous déposons un recours au fond (tribunal administratif) pour excès de pouvoir contre le préfet (car il n’a pas agi pour les animaux). Le 8, nous déposons un référé-suspension pour faire retirer le certificat de capacité des dresseurs, faire annuler leur autorisation d’ouverture et faire saisir Bony, Glasha et tous les autres animaux (les audiences ont eu lieu le 15 avril 2021 : refus du tribunal).

12 novembre 2019 : Micha est opéré et meurt à la Tanière.

25 novembre 2019 : nouvelles images des geôles barricadées et premières images de Mina. Le préfet ordonne le placement de Bony et Glasha.

29 novembre 2019 : Bony et Glasha sortent de leurs geôles provisoirement et sont transférés dans les refuges où ils sont encore aujourd’hui. (Nous obtenons qu’ils ne puissent pas être récupérés par les Poliakov le 29 avril 2021 après une intervention volontaire à l’audience du 15 avril 2021.)

3 janvier 2020 : les Poliakov font obstacle à l’inspection inopinée des services de l’État.

15/29 avril 2021 : trois audiences le même jour et décision des plaintes au tribunal administratif pour excès de pouvoir, retrait des certificats de capacité et autorisation d’ouverture de l’établissement, ainsi que le retrait de Mina et des autres animaux. Intervention volontaire dans l’affaire qui oppose les Poliakov à la préfecture, pour nous assurer que Bony et Glasha ne retournent jamais chez les Poliakov.

12 mai 2021 : au tribunal correctionnel de Blois pour la plainte au pénal contre les Poliakov, suivant notre dépôt de plainte du 6 septembre 2019 et compléments ayant suivi.

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