Montpellier - Rassemblement à la mémoire de Cédric Chouviat et des victimes de la violence d'Etat

Montpellier - Rassemblement à la mémoire de Cédric Chouviat et des victimes de la violence d'Etat

Montpellier - Rassemblement à la mémoire de Cédric Chouviat et des victimes de la violence d'Etat

Par Gilets Jaunes Rond-point Près d'Arènes, le 04 Janvier 2021

Sabine RPPA :

« Nous sommes ici pour rendre hommage à la mémoire de Cédric Chouviat, victime de la violence d'Etat, et pour apporter notre soutien à sa famille. Mais ce n'est pas tout : nous saluons aussi la mémoire de toutes les autres victimes dont celles de Mohamed Gabsi, Zineb Redouane, Steve Maia Caniço, qui eux aussi ont eu leurs vies fauchées par ces interventions policières mortelles que les donneurs d'ordre cherchent toujours à camoufler et dont ils veulent aujourd'hui s'assurer qu'aucune vidéo ne pourra les faire connaître.

C'est donc pour combattre l'escalade liberticide de ce gouvernement que nous sommes ici.

Peu de gens font confiance à Macron et ses alliés, même si le gouvernement a pu utiliser la crise du COVID pour faire passer un maximum de mesures et pas seulement au chapitre des libertés.  

Le gouvernement veut faire passer rapidement deux textes qui se complètent : la loi sécurité globale et la loi dite « séparatisme ». Elles se rejoignent déjà sur un point : la diffusion des images de violence d’Etat devient un délit. Après le tollé provoqué par l’article 24 de la loi sécurité globale qui punissait « d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende » la diffusion d'images des forces de l'ordre, dans un tour de passe passe, le gouvernement le fait réapparaître sous une nouvelle forme dans l’article 18 de la loi « séparatisme » , qui punit de « cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende » la diffusion d'informations sur des agents publics. Quel est l'enjeu de cette criminalisation des images : renforcer l'impunité de tous ceux qui exécuteront les ordres pour réprimer ceux qui contestent, et réduire les contre pouvoirs.

Voilà déjà un premier lien. Il y en a aussi un autre, que l’on trouve dans le préambule de la loi séparatisme, qui en présente la philosophie, c'est cette phrase « ce [projet de loi] est exigeant ; la République demande une adhésion de tous les citoyens qui en composent le corps ».

Non, les institutions de l’Etat que nous connaissons n’ont jamais exigé que tous les citoyens soient d’accord avec elles. Heureusement, car si nous devions tous adhérer aux institutions, où serait la démocratie ? Que deviennent tous ceux qui souhaiteraient d’autres institutions ? Que deviennent les anarchistes qui ne veulent plus d’état ou les royalistes qui souhaitent le retour du comte de Paris ? Quelles punitions le gouvernement veut-il inventer pour contrôler leurs idées ?

La République serait-elle devenue une religion civile ?

La République n’exige qu’une chose : le respect des lois. Mais on peut les respecter par obligation, sans pour autant être d’accord. Personnellement, il y a plusieurs lois avec lesquelles je ne suis pas d’accord : la loi Blanquer pour commencer, mais également la loi Travail par exemple.

On voit ici un concentré du projet de Macron : créer les conditions pour que toute critique, toute opposition devienne illégale ou suspecte. Avec cette loi, nous devenons tous suspects de séparatisme. Voilà pourquoi ils veulent élargir le fichage : chaque individu étant une partie du corps de l’Etat, il doit montrer patte blanche devant la nécessité d’adhérer à l’Etat. Que deviennent les libertés d'opinion, de conscience et d’expression ? L'adhésion à la République est libre, aucune loi ne peut la forcer. Par contre, qui, à part Macron, son gouvernement et ses alliés bafoue régulièrement tous ses principes, ceux qui affirment que la République est « indivisible, laïque, démocratique et sociale ? » Inégalités, injustices, arbitraire, : ils sont en train de détruire toutes les conquêtes sociales. Cette loi séparatisme, c'est aussi la remise en cause de la liberté d'enseignement, de la liberté d'association, c'est la création du délit d'intention. Et ce ne serait pas dangereux ?

Les notables et les petits valets de Macron qui ont appelé à voter pour lui en 2017 aiment beaucoup mépriser les manifestants avec un argument qui révèle un certain manque de clairvoyance : les manifestants n’ont sans doute pas tous lu la loi qu’ils critiquent. « Ont-ils bien tout lu ? » demandent-ils du haut de leur prétention.

Ce à quoi l’immense majorité des manifestants répond : si tu crois qu’on t’a attendu pour comprendre la politique du gouvernement! Tu crois qu’on t’a attendu pour comprendre la situation dans laquelle est plongée la jeunesse, les salariés, les retraités et tous les recalés ? Tu crois qu'on a besoin de tes conseils quand on ne sait plus comment payer son loyer et qu'on en dort plus la nuit ? Car la question n’est pas de connaître les textes de lois de 1789 à nos jours sur le bout des doigts, Wikipédia le fait mieux que toi. La question est de comprendre que Macron est un danger immédiat pour nos acquis sociaux et pour nos libertés. Et ça, les Gilets Jaunes l’ont compris mieux que toi.

A ceux qui pensent que Macron est un bon démocrate et que le danger viendrait de 2022, nous devons leur rafraîchir la mémoire et leur donner une leçon d’histoire récente : cinq mains arrachées, 32 éborgnés, 325 blessés à la main, 10 000 gardes à vue, 3000 condamnations pénales, 400 condamnations à de la prison ferme.

Voilà le bilan du grand démocrate Macron face à ceux à qui il demandait les suffrages quelques mois auparavant, tout sourire. Et on viendra nous expliquer que les lois liberticides ne seraient un danger que si un candidat populiste vient au pouvoir en 2022 ? Quel cerveau naïf peut croire cette fable ? Pas nous, pas les Gilets Jaunes ! Les gilets jaunes font mieux que de lire des textes : ils ont affronté l’appareil d’Etat et sont allés titiller la moustache de la macronie. Ils ont compris mieux que d'autres que la répression est toujours reliée à la question sociale, que le personnel politique d’un état a toujours tendance à le servir, et que cet Etat n’est pas neutre. Non, l’Etat ce n’est pas l’intérêt général, il est au service de l’ordre social du moment, et notre époque est dominée par le règne des sociétés financières, par les Black Rock, Axa, Nestlé,Vinci, par les milliardaires, par le système des banques et de privatisation de la dette publique, qui leur rapporte gros.

Ceux qui ont changé l’histoire, ce sont les Sans Culottes, les Communards, les Résistants. Tous n’avaient pas lu les lois, mais ils ont changé le cours des événements.

Comprendre les lois qui nous sont imposées c’est d’abord comprendre la mécanique sociale qui fait qu’une petite minorité s’enrichit et a continué à s’enrichir pendant la crise du COVID, qu'elle distribue la misère, alors qu’à l’autre bout de la chaîne, les non essentiels, ceux qui ne possèdent pas d’héritage, pas de parachutes dorés en cas de licenciements, ceux là sont voués à la recherche de petits boulots sous payés, à la précarité et à la pauvreté, car les emplois en CDI ou sous statut, ça ne se trouve pas en traversant la rue Monsieur Macron !

La banque de France annonce qu’en 2021, 350 000 emplois seront supprimés : comprendre la loi sécurité globale, c’est comprendre que la politique actuelle va augmenter le nombre de personnes qui n’auront plus rien à perdre, et que l’état se prépare à un nouvel épisode de révolte populaire.  

Qui est le plus lucide, le plus avisé ? le jeune désabusé qui choisit de ne pas voter ou le macro-compatible qui vit dans la tour d’ivoire de son petit confort urbain et qui croit que le summum de l’engagement est d’aller voter pour le candidat plébiscité par les médias, une fois tous les cinq ans, en se servant de l’extrême droite comme d’un épouvantail pour réaliser l’union nationale.

Les GJ et de nombreux citoyens ont commencé à balayer la vieille classe politique, mais il reste des débris accrochés à l’Etat. Pour les décrocher, tout le monde devra redescendre dans la rue.

Préparons donc ensemble la manifestation du 16 janvier à l’appel de la coordination nationale, et pour reprendre les termes de leur communiqué : tant que ces lois ne seront pas abandonnées, nous combattrons sans relâche pour nos libertés.

On n’est pas prêt de lâcher : que personne ne compte sur notre fatigue, nous sommes survitaminés et surmotivés pour l’année 2021, qui sera l’année du crépuscule de Macron, de son monde, de ses laquais, des laquais de ses laquais et de toute cette clique qui se tient la main.

Dans ce combat pour la défense de nos libertés, nous devons tous nous unir, malgré les obstacles que nous surmonterons. Tous unis, que nous soyons syndicalistes attachés à la lutte de classe, citoyens qui veulent la démocratie, militants de la défense des libertés et des droits de l’homme, ou encore Gilets Jaunes, qui sont à l’intersection de tout cela. Nous sommes des millions, nous bâtissons ce pays, nous sommes sa vraie richesse, eux sont juste des gestionnaires avides d’une petite carrière. Nous reprendrons ce qu'ils nous ont volé, parce que c'est notre avenir et qu'il nous appartient. »

Martine RPPA :

« Nous les gilets jaunes du Près d'Arènes, on est là pour rendre hommage à tous les tués, les mutilés. On n'accepte pas ce que fait Macron et son gouvernement. Mais on n’a pas peur.

Ils ne pourront pas nous faire taire.

On se battra jusqu'à la victoire ! »

Jean-Marie GJ Biterrois :

« Les gilets du biterrois ont tenus a être présent ce dimanche à vos côtés, pour rendre hommage à monsieur Cédric Chouviat mort sous les bottes de la police un 3 janvier. Nous adressons une pensée à ses proches ainsi qu’à sa mémoire.

Nous nous sentons d’autant plus concernés que nous avons nous aussi à regretter un décès dans notre commune: Mohamed Gabsi est en effet décédé au cours d’une intervention de la  police.

Comment ne pas faire le lien avec Steve, Zineb, ou Allan Lambin retrouvé mort dans sa cellule après une intervention « musclée ».

Comme tout le monde, nous sommes inquiets de la régression de nos droits. Cela n’a pas commencé avec le covid, c’était déjà le cas avant : souvenez vous, en février 2013 déjà, un ouvrier d’Arcelor Mittal avait perdu un œil dans une manif à Strasbourg par un tir de flash-ball, et Laurent Théron, syndicaliste de Sud manifestant contre la loi Travail, touché lui aussi gravement par un éclat de grenade.

C’est pour ces raisons que nous avons manifesté à plusieurs reprises dans la ville de Béziers, dans l’unité et la fraternité pour le retrait de ces lois qui portent atteinte à notre liberté.

Les gilets jaunes du Biterrois ne marche pas avec ceux qui tentent de faire le coup de la démocratie menacée par le populisme comme préparation de la campagne de Macron.

Cette rengaine médiatique est celle de la macronie, nous la condamnons totalement. Notre mouvement citoyen est apolitique et a-partisan, mais nous sommes quand même lucides sur le danger que représente ce gouvernement, s’il jamais il était encore besoin de le souligner.

S’il y a eu des morts et des blessés par la police, c’est bien parce que des ordres politiques ont été donnés pour engager la répression. Nous en savons quelque chose nous, les gilets jaunes. Nous ne sommes pas prêt de l’oublier, sachez messieurs les politiciens comme nous aimons à le rappeler, nous n’oublierons pas, et nous ne pardonnerons pas. Le moment venu, vous devrez nous rendre des comptes.

Et pour finir un mot concernant l’année 2021 qui nous attend : son avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire. »

Annie (retraitée CGT) :

"Retraitée du CHU, syndicaliste CGT, avec nombre de mes camarades retraités CGT, nous avons toujours répondu présents a chaque manif des 21, 28 novembre et 5, 12, 19 décembre, contre cette offensive du gouvernement mettant en place un arsenal répressif jamais vu contre nos libertés démocratiques, individuelles et collectives et nos droits fondamentaux,

 Cet arsenal, cette marche en avant totalitaire du pouvoir sous prétexte de COVID, est mis en place en vue des   explosions futures qui ne manqueront pas de se produire, permettant de réprimer toutes contestations des syndicalistes ou démocrates, en particulier réprimer la liberté de manifester et ficher sans limite au nom de la sécurité publique avec des décrets indignes d’un État de droit censé protéger, entre autres, la liberté d’opinion, d’association et les droits syndicaux.

 En tant que retraitée CGT, comme mes camarades CGT présents, j’affirme que nous n’avons rien à perdre, nous défendrons sans relâche nos libertés, nous serons toujours là, auprès de nos camarades actifs travailleurs, jeunes, GJ, pour faire front pour la défense de nos droits acquis et de nos conquêtes. Nous serons là aussi le 16  janvier pour freiner cette politique destructrice socialement au service d'une petite minorité."

Audrey, Libre Pensée :

« La libre pensée salue la mémoire de Cédric Chouviat ainsi que de toutes les victimes des violences d’Etat ces dernières années.

Lorsqu’il a remporté les élections, les commentaires dithyrambiques étaient nombreux : un jeune homme prétendument brillant, qui allait apporter quelque chose, personne ne pouvait dire quoi, mais on allait voir. Et on a vu.

Si le macronisme a manifestement beaucoup impressionné quelques seconds couteaux en mal de reconnaissance sociale, il ne nous a jamais attiré, et la vague de répression, d’atteintes aux libertés que nous connaissons ne fait que confirmer notre sentiment premier. 

Nous avons donc bien fait de ne pas, comme organisation, appeler à voter pour lui, nous aurions commis une erreur qui aurait entaché notre drapeau.

Beaucoup de choses ont été dites sur la loi sécurité globale, par la coordination nationale en particulier, la quadrature du net, ou d’autres.  

La coordination nationale a également appelé au combat jusqu’au retrait des projets de loi dit séparatisme et sécurité globale. Ils ont raison et c’est dans le cadre de ce nécessaire combat donc par des manifestations et l’organisation de celle-ci que nous nous sommes inscrits.

Nous rajoutons que la loi dite séparatisme concerne beaucoup l’organisation des cultes, mais comprend également des dangers pour les libertés individuelles, comme la dissolution des associations pour des faits commis par un membre isolé.

Cela rejoint une campagne où les associations sont maintenant devenues des organisations suspectes, comme l’ensemble de la population sont devenus des suspects à surveiller. C’est le retour du concept de responsabilité collective. Même le fait de se syndiquer est maintenant devenu un objet de fichage. 

Mais si on cherche des terroristes à fort potentiel, il faudrait plutôt regarder ce qu’ont fait les Etats-unis en 20 ans de guerre sans fin en Irak, en Afghanistan ; regardez les hautes œuvres de notre armée ou de notre intervention bien à nous au Mali, en Syrie, en Libye. Avec les brillants résultats que nous connaissons.

Cédric Chouviat n’est pas une victime isolée de policiers qui auraient eu la main lourde, il est la victime de l’Etat et d’une violence débridée qui a été organisée par le pouvoir politique et accentuée dès le combat contre la loi EL KHomry, en particulier durant le mouvement des Gilets Jaunes, contre les lycéens qui défendaient le bac.

Ensemble, préparons la manifestation du 16 janvier comme y a appelé la coordination nationale. »

Patrick, Parti de Gauche :

« Ce n’est pas simplement par une volonté de répression, c’est parce qu’ils ont peur […] il faut avoir à l’esprit que les aides qu’ils sont en train d’apporter … pour toutes les personnes frappées par cette crise économique qui n’a pas que des causes sanitaires. Et bien cet argent, ils l’empruntent sur des marchés financiers, et ça, ils vont nous le faire payer, et ce sera l’austérité puissance dix. C’est cela qui leur fait peur, que l’on n’accepte pas leur austérité, la destruction des allocations chômage, la destruction des retraites, la destruction des services publics. »

Photo Gilets Jaunes Rond-point Près d'Arènes

 

 

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