Occitanie - L'eau de nos rivières sont-elles en bon état écologique ?

Occitanie - L'eau de nos rivières sont-elles en bon état écologique ?

Occitanie - L'eau de nos rivières sont-elles en bon état écologique ?

Par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse , le 08 Juillet 2020

En Occitanie, 45% des rivières sont en bon état écologique

L’agence de l’eau publie son nouveau rapport sur l’état des eaux des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse. En Occitanie (sur la partie du bassin Rhône-Méditerranée), 45 % des rivières sont en bon état écologique et 92 % des nappes souterraines en bon état chimique. La mobilisation sur les territoires des collectivités et des acteurs économiques pour diminuer les pollutions, les prélèvements d’eau excessifs, les dégradations de la morphologie ou le cloisonnement des rivières commence à porter ses fruits. Mais il faut poursuivre les efforts car le changement climatique perturbe le fonctionnement des rivières, notamment leur capacité d’épuration. Il y a urgence à moins polluer, moins prélever d’eau et redonner à nos rivières leurs fonctions vitales utiles à l’homme et à la biodiversité.

Les progrès constatés

Dans la partie méditerranéenne de la région Occitanie, 45 % des rivières sont en bon état écologique1.

Les cours d’eau méditerranéens d’Occitanie se caractérisent par un bon état sur l’amont de leur cours (Pyrénées, Corbières, Cévennes) avec une faible pression humaine tandis que les impacts des prélèvements d’eau, des aménagements des rivières et des pollutions se concentrent sur les cours d’eau situées dans les zones de plaine agricole et à proximité des agglomérations en particulier.

Sur les dernières décennies, les progrès sont visibles : la quantité de pollution organique a en moyenne été divisée par 20 pour l’ammonium au cours des 28 dernières années. Ces résultats sont à mettre à l’actif d’une politique volontariste d’amélioration des systèmes d’assainissement des eaux domestiques fortement soutenue par l’agence de l’eau et les services de l’Etat.

Les collectivités s’attaquent désormais à la réduction des pics de pollutions par temps de pluie qui partent sans traitement au milieu naturel. Les villes investissent pour déconnecter les eaux de ruissellement des réseaux d’eaux usées et pour désimperméabiliser les sols afin de laisser l’eau s’infiltrer  là où elle tombe.

Les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) issus de la combustion du bois, du fuel ou de l’essence, sont les substances les plus toxiques détectées dans les cours d'eau. Leur concentration a été divisée par 4 au cours des dernières années, mais reste encore en moyenne 15 fois supérieures aux normes admises pour la protection de l’environnement. Les politiques de réduction de la consommation énergétique, et, plus globalement, toutes les politiques menées pour lutter contre le réchauffement climatique et améliorer la qualité de l’air ont un impact positif sur la qualité des milieux aquatiques vis-à-vis des HAP.

La toxicité moyenne des substances pesticides a été divisée par 2 sur la période 2008-2018, pour atteindre 50 % de la norme, principalement du fait du retrait progressif du marché des substances les plus toxiques. Le glyphosate et son métabolite l’AMPA restent de loin les deux substances les plus quantifiées. Avec près de 1700 tonnes vendues dans le bassin Rhône-Méditerranée en 2018, le glyphosate figure toujours en tête des ventes.

Les opérations collectives mobilisant les collectivités et le tissu industriel local, avec l’aide de l’agence de l’eau, ont permis une très nette amélioration de la qualité des milieux vis-à-vis des pollutions toxiques.

Au global, cette amélioration de la qualité physicochimique a eu un effet bénéfique direct sur la faune et la flore qui peuplent nos cours d’eau. Plus de 60 % des stations des surveillance montrent un paramètre « diatomées » en bon état (algues brunes sensibles à divers types de pollution).

De même, l’Indice Invertébrés Multimétrique (I2M2) nouvellement utilisé pour mesurer la qualité globale du milieu montre une évolution positive de la qualité de la faune présente au fond des cours d’eau.

L’amélioration de la qualité biologique reste cependant moins spectaculaire que celle enregistrée sur les paramètres physicochimiques car elle reste tributaire de la qualité des habitats, qui s’améliore beaucoup moins vite.

Les micropolluants : invisibles mais nocifs

Les progrès réalisés au cours des années 2000 en matière d’analyse des micropolluants ont permis de déceler de nouvelles contaminations, aussi bien dans les eaux superficielles que souterraines.

Depuis 4 ans, l’agence de l’eau suit également des polluants présents en quantité infinitésimale mais très régulièrement dans les cours d’eau : substances pharmaceutiques (anti-diabétiques, anti-hypertenseurs, anti-épileptiques, analgésiques tels que le paracétamol, bétabloquants, diurétiques, anxiolitiques, anti-inflammatoires), stéroïdes, hormones, stimulants tels que caféine et nicotine, cosmétiques…

Plus de 120 de ces substances sont présentes dans les cours d’eau avec pour conséquences une baisse de la reproduction des poissons, batraciens ou mammifères marins et un développement des bactéries résistantes aux antibiotiques. Des études montrent que le traitement de ces substances via les stations d’épuration n’est que partiellement efficace. Par exemple, le traitement des anti- épileptiques est quasi nul.

Des crevettes d’eau douce, sentinelles de la pollution

Pour compléter ces analyses dans l’eau, l’agence de l’eau a mis en place depuis 2018 des mesures de la bioaccumulation de certaines substances chimiques dans des petites crevettes d’eau douce, les gammares. Les premiers résultats mettent en évidence la présence de substances non mesurées directement dans l’eau, comme des métaux, des PCB, des dioxines ou encore des insecticides chlorés interdits d’utilisation depuis de nombreuses années (DDT, dieldrine, HCH, heptachlore). Ces substances ont des effets délétères sur les organismes aquatiques, mais sont également reconnues toxiques pour l’homme.

La découverte de ces nouvelles substances dans les milieux montre essentiellement que les milieux aquatiques sont désormais beaucoup mieux surveillés. Des progrès utiles afin d’orienter les mesures pour l’atteinte du bon état des eaux.

Les défis à relever en Occitanie : lutter contre les prélèvements d’eau excessifs et renaturer les rivières

29 % des rivières d’Occitanie ont un régime hydrologique altéré. Autrement dit, elles subissent des prélèvements d’eau excessifs et les sécheresses répétées de ces dernières années aggravent la situation. Les solutions existent, à commencer par les économies d’eau. En Occitanie, en 2019, l’agence de l’eau a permis d’économiser 23 millions de m3 d’eau en soutenant les travaux de réparation de fuites d’eau dans les réseaux et la modernisation des systèmes d’irrigation agricole. Parmi les bons exemples, celui du plan de gestion de la ressource en eau de l’Aude signé en 2017. Il prévoit d’économiser, sur le bassin versant de l’Aude d’ici à 2021, pas moins de 33 millions de m3 d’eau afin de résorber le déficit hydrique estimé à 37 millions de m3. Près de 90 actions ont été actées pour éviter cette vie à crédit tout en répondant aux enjeux d’alimentation en eau potable, d’économie agricole, de tourisme, d’industrie et de bon état des masses d’eau. D’importants travaux réalisés sur le canal de la Robine par le Syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières (Smmar) ont eu des résultats probants. En 2010, 140 millions de mètres cubes d’eau étaient prélevés dans ce canal contre 47 millions en 2018. En 2019, un autre contrat de canal a été signé avec Canet d’Aude et les travaux du canal d’Olonzac ont démarré. Les efforts d’économie d’eau ont permis de rationaliser l’utilisation de la ressource, de ne pas accentuer le déficit en période sensible, et ainsi d’éviter les restrictions d’usages lors des sécheresses successives.

Solutions fondées sur la nature, lutter contre l’imperméabilisation et retenir l’eau dans les sols sont aussi des principes à suivre. L’agence a par exemple aidé l’an dernier en Occitanie l’achat ou la restauration de 139 hectares de zones humides.

En Occitanie, 56 % des rivières présentent une morphologie dégradée et 32 % sont barrées par des seuils et des barrages qui empêchent la circulation des poissons mais aussi des sédiments utiles au bon fonctionnement de la rivière. Or, une rivière qui fonctionne bien peut faire face plus facilement à la sécheresse et aux pollutions. Il est prouvé que la restauration des rivières engendre un gain de qualité biologique après travaux. En 2019, l’agence a aidé à restaurer plus de 42 km de rivières et à rétablir le franchissement de 16 ouvrages.

Les pesticides dans les eaux souterraines : une menace pour l’alimentation en eau potable

Si l’évolution des concentrations moyennes en nitrates dans les eaux souterraines est à la baisse, la présence des pesticides en concentration excessive reste la première cause de dégradation des nappes souterraines. Sur le bassin Rhône-Méditerranée, sur les 36 masses d’eau en état médiocre, 30 le sont à cause de concentrations en pesticides supérieures aux normes requises pour l’alimentation en eau potable.

 

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